Le premier acte de la rumeur se déroule il y a quatre ans au conseil municial, quand la maire, Dominique Voynet, informe que le projet du nouveau Méliès vient d'être débloqué, MK2 et UGC ayant décidé de retirer leur recours, devant le tribunal administratif, contre l'autorisation d'ouverture donnée par la Commission Départementale d'Équipement Cinématographique.Jean-Pierre Brard, toujours dans le déni de sa défaite électorale de 2008, se scandalise que Dominique Voynet ait négocié seule avec MK2 et UGC. Sans doute estimait-il qu'elle était incapable de se débrouiller seule, et qu'elle aurait du se faire accompagner, sinon par lui, au moins par le directeur du cinéma. Et de jeter la suspicion sur des « clauses secrètes » du retrait de la plainte.

Le deuxième acte, c'est la diffusion de cette rumeur, avec l'argument imparable : « si elle était seule, c'est qu'elle avait quelque chose à cacher ». Ce genre d'argument se retrouve dans toutes les théories complotistes.

Le troisième acte, c'est le « dévoilement » de ce que cache Dominique Voynet, à savoir le projet de privatisation du nouveau Méliès. C'est parfaitement irrationnel : la puissance publique ferait les investissements, et vendrait ensuite au privé. Et Jean-Pierre Brard, Stéphane Goudet et les « spectateurs indépendants » le savent. Mais ils n'en ont cure : on est depuis 2007 dans la politisation à outrance de ce dossier, tout est bon contre Dominique Voynet et la municipalité en place.

Le quatrième acte, c'est de dire, privatiser le Méliès, c'est vraiment invraisemblable, mais on sait que les écologistes sont contre les cinémas publics, et il n'y a pas de fumée sans feu. Un mensonge de plus évidemment en ce qui concerne la position des écologistes, et on peut persévérer dans la rumeur.
Comme l'écrit Stéphane Goudet dans Regards en septembre dernier : « Evidemment, chez certains spectateurs du Méliès qui se souviennent de l’hostilité des écologistes au statut de cinéma public, ce choix a conforté l’hypothèse d’un projet, réel ou fantasmé, de privatisation du cinéma de Montreuil ».

Le texte complet dans Regards est ici

Comment un candidat sérieux, et de gauche, pourrait-il proposer le retour à la direction du Méliès d'une personne suffisamment malhonnête pour répandre ce genre de rumeur ?

Une solution simple à un problème simple pour obtenir le retrait des recours

C'est Jean-Pierre Brard qui s'était lui-même emmêler les pieds pour le projet du nouveau Méliès : d'abord avec le projet d'un multiplexe commercial en concurrence du Méliès. Puis, à partir de 2005, le transfert / extension du Méliès. Mais sans projet culturel précis, juste l'idée d'avoir une programmation plus diversifiée, avec une partie tournée vers les jeunes, en essayant de les détourner du multiplexe de Rosny.
UGC et MK2 sont évidemment des requins, qui n'aiment pas les cinémas municipaux, et UGC avait fait plusieurs recours à cette époque. Mais l'ancien maire, avec le flou et la démagogie de son projet leur a donné du « grain à moudre » pour lancer leurs recours. Les expertises juridiques faites au temps de l'ancien maire avaient conduit à déposer un nouveau dossier à la CDEC, mais cela n'avait pas suffit à obtenir le retrait. Il faut dire qu'avec la communication politique de Jean-Pierre Brard, le conflit avait dégénéré en un combat de coqs à l'ego surdimensionné, Marin Karmitz d'un côté, Jean-Pierre-Brard et Stéphane Goudet de l'autre. Et donc, la politisation du Méliès avait débouché sur un facteur de blocage supplémentaire.

Après sa victoire aux municipales de mars 2008, Dominique Voynet avait fait procéder à de nouvelles expertises juridiques du dossier, qui avaient conclu à une forte insécurité du dossier. Il a donc fallu reprendre le dialogue, ce qui fut facilité par la mise hors-jeu de Jean-Pierre Brard. Et négocier.
L'échange de lettres en Dominique Voynet et UGC + MK2 est reproduit ci-après ainsi que l'accord pour le retrait des recours (lettres d'UGC et de MK2 à leurs avocats). Il n'y a bien sûr aucune révélation. Il y a juste la réaffirmation de la volonté municipale de conserver au Méliès sa fonction et son standing actuel... ce qui n'apparaissait pas nettement dans le projet de Jean-Pierre Brard.
Dominique Voynet a débloqué un dossier que son prédécesseur avait planté. Tous les amis du Méliès auraient du s'en réjouir. Mais l'ancien maire ne lui a jamais pardonné d'avoir réussi là où il avait échoué, et a mis le déblocage à son débit en inventant la fable de l'accord secret. Et une rumeur, cela rebondit et devient irrationnel, cela met du temps à disparaître, surtout en période électorale.

La même lettre a été envoyée à UGC

La série de billets
Déjà publié
Post 1 : Réponses à de fausses accusations de Stéphane Goudet (5/1/14)
Post 2 : La défense du cinéma comme service public local par les écologistes (31/1/14)
Post 3 : Le chevalier noir des multiplexes se mue en chevalier blanc de l'art et essai
(2/3/14)
Post 4 : Quelques documents sur le basculement du Méliès en 2008 en objet politisé par JP Brard et S Goudet (8/3/14)
Post 5 : « Mon cinéma » : Une forme de privatisation du Méliès (17/03/14)
Aujourd'hui
Post 6 : L'accord secret entre UGC / MK2 et Dominique Voynet
A venir (en principe)
Post 7 : La crise de 2013
Post 8 : Nouvelles calomnies
Post 9 : Et maintenant ?