Dimanche dernier, le 15 mars dans la situation difficile du contexte sanitaire et politique actuels (pour moi les élections auraient du être annulées...), le maire sortant communiste de Montreuil a été réélu, avec 51, 35 % des voix, ce qui lui donne ainsi 46 sièges sur 55 (avec un taux de participation de 33% !).
Concernant les autres groupes politiques, EELV avec 16,1 % a obtenu 5 sièges, la liste Montreuil Libre (LREM/ LR) avec 7,98 % a obtenu 2 sièges et nous, Montreuil 2020, La ville en commun, Movico avons avec 7 % également obtenu 2 sièges d’opposition.
La liste citoyenne, Montreuil Citoyenne, soutenue par Jean-Pierre Brad, ancien Maire de Montreuil a obtenu 4,5 % et n’aura pas de siège, tandis que l’autre liste citoyenne Montreuil C’vous, a obtenu 4,49%, également sans aucun siège.
Notre score de 7% a été perçu par beaucoup d’observateurs de la vie politique comme très honorable, et ce même si nous n’obtenons que 2 sièges.
Il y avait à Montreuil 11 listes. Nous avons assisté à un raz de marée en faveur du Maire sortant (enfin en pourcentage car en voix, le Maire est élu avec 17 % des électeurs), nous étions une liste sans aucune étiquette politique, ni figure tutélaire d’anciennes «stars » politiques de Montreuil.
Nous avons commencé de structurer notre mouvement en juin 2019, avec uniquement notre force militante et nos propres subsides financiers.
A noter, qu’il ne nous avait pas été possible à l’époque de la campagne de faire alliance avec les autres listes citoyennes pour cause de positionnements stratégiques divergents.
Je veux donc remercier les 1351 électeurs qui ont eu confiance en notre mouvement.
Nous observons que ces électeurs sont liés à nos proximités. C’est logique, en l’absence d’antériorité créant de la notoriété.
Ont donc d’abord voté pour nous nos amis, nos réseaux, nos voisins.
Je veux donc ici particulièrement tous les remercier. J’actualise par ailleurs ce post dans ces éléments finaux, à 19h30 ce jour le 19 mars compte tenu du report annoncé par le gouvernement de l’installation des conseils municipaux.
Je veux également remercier l’ensemble de nos colistiers.
Cette victoire est la nôtre, nous avons tous chacun avec nos moyens, notre énergie contribué à ce score.
Nous avons particulièrement sur la fin mené une campagne joyeuse, énergique, volontariste qui nous a permis de nous identifier et de marquer les esprits.
Je remercie également nos soutiens de la première heure, notamment les membres de diverses associations : murs à pêches, associations sportives, membres du conseil de quartier Branly Boissière, militants du PS, de Génération.s, de EELV qui nous ont permis de mener tout au long de l’automne 2019 nos ateliers et d’aboutir à un projet dense qui envisage à la fois la ville du 1/4 d’heure et celle du long terme, c’est à dire la ville du quotidien et celle des projets de long terme, ceci afin de répondre à nos engagements de justice sociale et d’écologie politique.
Quelques regrets cependant qui auront je l’espère valeur d’enseignement :
Notre constat de démarrage s’appuyait sur le fait que Montreuil Mérite Mieux, constat lié aux pratiques clientélistes, démocratiques et financières douteuses du Maire. Ces faits restent. Nous n’avons pas suffisamment su les partager avec nos concitoyens. Ceci est aussi certainement lié à une opposition qui s’est construite tardivement en juin et n’a pas été plus tôt anticipée par les groupes politiques du Conseil Municipal sortant.
L’écologie politique représente toujours un poids politique important à Montreuil si nous additionnons le score de EELV (16%) et notre score (7%). Malheureusement, nous n’avons pas su unir nos mouvements et nos dynamiques, malgré les mains tendues à plusieurs reprises et de façon formelle par des courriers et expressions publiques.
Face à ces refus de construire ensemble, nous dénoncions alors les ambiguïtés de certaines personnes d'EELV gardant le doute sur leurs positions du deuxième tour, préférant s’allier aux pratiques douteuses du Maire plutôt que d’asseoir un mouvement d’écologie politique démocratique à Montreuil.
Nous étions de notre côté clairement positionnés sur des refus d’alliances avec le Maire en cas de deuxième tour.
Quelques souhaits pour la suite :
Nous avons construit une belle dynamique faite de nos diversités et des différences de nos pensées politiques.
J’espère que nous pourrons nous appuyer sur cette dynamique, la continuer pour continuer à penser le MONTREUIL DU LONG TERME.
De mon côté, je m’y engage.
Bises virtuelles à tous mes lecteurs 😊
Florence Fréry
En ce sens, une liste écologiste ouverte aurait été la bienvenue à Montreuil, mais y a donc deux listes écologistes le 15 mars à Montreuil, ce qui empêchera probablement de contester sérieusement le pouvoir de Bessac.
Si la cause immédiate en est le refus de la majorité locale d’EELV d’une dynamique ouverte de rassemblement et le repli sur la gestion boutiquière du sigle (avec quelques autres logos plus ou moins représentatifs), on ne peut s’arrêter à ce constat. D’une part, cela solde des désaccords au sein d’EELV manifestes tout au long de la mandature, avec une forte dimension personnelle. D’autre part, ce refus du rassemblement autour des écologistes (ce qui est pour moi plus large qu’EELV) était aussi le fait d’autres forces également écologistes, ou proches, comme Génération.s, LFI, Urgence écologique, qui se sont (en majorité) ralliées à Bessac.
Au final, en mettant de côté l’origine de cette situation, qu’est-ce qui distingue ces deux listes, qu’est-ce qui permet de choisir l’une plutôt que l’autre?
Les programmes
Ce sont moins le programme, les dizaines de propositions, ou les prioritaires mises en avant qui permettent de faire la différence. Pour mon compte, je peux avoir tel ou tel désaccord avec l’une comme avec l’autre liste. Sur ce qui fait le coeur d’une politique « verte », elles sont proches : voir les 10 mesures « basculantes » proposées par le Réseau Action Climat ou le pacte de Bizi, dont j’ai fait état dans d’autres billets.
On peut trouver une version téléchargeable du programme complet de Movico sur sa page facebook, et par thématique sur son blog
C’est dans les équilibres entre les différents enjeux qu’on voit un peu plus que des nuances. La clé pour faire tenir ensemble l’urgence écologique et l’urgence sociale, c’est un renouvellement en profondeur des pratiques démocratiques, dans le projet comme dans la campagne. Placer les citoyens en responsabilités, ne pas mettre de frein à l’implication citoyenne. Movico semble plus conscient de cet enjeu que la liste EELV.
Movico apparaît plus proche du manifeste pour la démocratie porté par Médiacités
Ce qui lui permet de tenir les deux bouts, celui de la ville du 1/4h, et de la ville du long terme (avec le conseil citoyen du long terme.
La dynamique
Celle de movico2020 a été très bien été décrite par Florence, 3ème sur la liste sur son facebook : « C’est une liste sans étiquette politique mais engagée de gauche et écologique
.
Pour rappel, nous avons créé cette plateforme en juin 2019. Nous étions plusieurs : anciens élus de Dominique Voynet, élus de la mandature actuelle de Patrice Bessac, citoyens, associatifs à considérer que Montreuil mérite mieux.
Nous avons en effet été extrêmement déçus de cette mandature présentée comme une Union de la gauche, mais où en réalité nous assistions à de graves retours en arrière : retours de politiques clientélistes, mise en place de caisse noires à la solde d’actions douteuses, dérive des finances de la ville, expulsion de travailleurs migrants, de rroms, bitumage, abattage des arbres en lieu et place d’une politique écologique, non respect de notre patrimoine des murs à pêches et développement de projets immobiliers dans les murs à pêches.
Trop c’est trop.
Nous avons mis en place cette plateforme, réalisé des ateliers citoyens tout au long de l’automne 2019 pour écrire et partager avec le maximum de personnes notre projet.%%
Notre projet est dense, engagé sur les thèmes de la solidarité, la démocratie, la ville du 1/4 d’heure: un axe politique qui mêle justice sociale et écologie et bien sûr il est aussi très écologique. »
Le sens, la confiance, le volontarisme
Ce qui pose davantage problème chez EELV (canal officiel), c’est le sens donné à leurs propositions politiques. Un de leur dernier document parle de 18 propositions pour gérer autrement. C’est parfaitement cohérent avec le bilan de la partie des élu.e.s qui se retrouvent avec Mireille Alphonse. Et encore plus avec le titre de la liste « l’écologie aux responsabilités », qu’on pourrait presque interprété comme une demande de postes d’adjoints auprès de Bessac au second tour ? A part l’autonomie du 1er tour, qu’est-ce qui distingue le projet d’EELV de celui d’Urgence écologie ? On est très loin de l’écologie de rupture, qui serait nécessaire. Mais c’est un débat d’orientation qui traverse l’ensemble d’EELV au niveau national.
Cette optique gestionnaire est aussi à rebours du pouvoir d’agir dont disposent les maires, un pouvoir d’agir toujours souligné par Damien Carême dans ses interventions, à partir de son bilan comme maire de Grande Synthe. On ne peut partir avec l’idée de jouer « petit bras ». Il est utile de se reporter à la brochure que vient de publier Ritimo pour mesurer l’ampleur de ce que des villes peuvent faire et sa présentation dans Reporterre (où figure un lien pour la télécharger).
Si nous avons pu assister au cours de la campagne électorale d’EELV à certaines évolutions et clarifications – comme sur le bilan de la mandature Bessac et sur la bétonnisation des MAP – mais pas sur la référence à la reprise de la dynamique de la mandature « Voynet », ni sur une fusion avec Bessac pour le 2e tour – il manquera toujours un soupçon de confiance à cette équipe compte tenu de son propre bilan 2008-2014.
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Que Movico2020 et EELV se rassemblent au 2e tour
Il reste que rien dans les propositions ne s’oppose à ce que les deux listes écologistes n’en fassent plus qu’une au 2e tour, si les scores du 1er le permettent. C’est une question de volonté politique de construire une alternative verte à une (trop traditionnelle) union de la gauche montreuilloise. C’est la condition pour conserver une (petite)chance pour que l’écologie l’emporte au 2e tour, ou, à défaut, soit en mesure de peser fortement sur la politique municipale (plus que par quelques strapontins) et de préparer l’avenir.
Patrick Petitjean 13 mars 2020
Le cinéma Méliès, une réalisation de Dominique Voynet
Cela peut sembler paradoxal pour ceux qui ont des déficiences de mémoire, compte tenu du conflit autour du cas « Goudet » qui a marqué la fin de la mandature de Dominique Voynet : mais c’est notre municipalité qui a permis la création du Méliès.
En 2008, la situation était bloquée. Le projet, conçu par Brard, n’était ni financé, ni tenable du point de vue de sa programmation architecturale. De plus, Brard était engagé dans un bras de fer viriliste avec Karmitz, rendant le Méliès juridiquement hypothétique. Le projet a donc été doublement remis sur ses rails par la nouvelle équipe. En particulier, un accord a été conclu avec Karmitz, conduisant au retrait de ses recours juridiques.
Cet accord a déclenché une vague de « fakenews » avant la lettre. L’opposition, toutes tendances confondues, a accusé Dominique Voynet d’avoir conclu un addendum secret avec Karmitz, s’engageant à lui revendre le Méliès. Evidemment, Jean-Pierre Brard était à la manœuvre, mais aussi ceux qui en étaient encore proche, comme Alexie Lorca et Gaylors Le Chequer, qui joueront ensuite un rôle majeur dans le conflit autour de Goudet..
Le Méliès a finalement été inauguré par Patrice Bessac, comme d’autres projets engagés pendant la mandature écolo : le nouveau Centenaire, la piscine écolo du haut-Montreuil, le protocole de reconstruction de Bara en plusieurs résidences sociales, etc. Pas très fair-play de mettre tout cela au bilan de la mandature Bessac, sans mentionner l’origine de ces réalisations. Mais politique politicienne usuelle d’un nouveau maire contre son prédécesseur.
L’affaire Goudet
Sans revenir à toute l’histoire de l’ancien Méliès (mes nombreux billets sur le sujet d’avant 2014 sont encore accessibles sur ce blog), il faut rappeler que Jean-Pierre Brard avait besoin d’un multiplexe au coeur de ville comme moteur pour rendre possible la venue des enseignes commerciales. Mais GCR ou Karmitz avaient refusé. Il s’est alors rangé à la proposition, défendue par Stéphane Goudet et Claire Pessin-Garric (alors adjointe à la culture), de déplacer l’ancien Méliès (3 salles en sous-sol à la Croix de Chavaux) au Coeur de ville, et donc d’avoir un cinéma public et non un multiplexe privé.
Et c’est là que cela se gâte : Brard transforme le futur Méliès en objet plus politique que culturel pour sa campagne électorale de 2007-2008, et Goudet se transforme en agent électoral de Brard, puis de l’opposition à Voynet, puis de Bessac. Au lendemain de l’élection de 2008, dans l’édito du journal (municipal) du cinéma (municipal), Goudet (employé municipal) s’était permis de regretter la défaite de Brard et avait mis en garde Voynet contre toute intervention dans les affaires du cinéma. Bien que municipal, le cinéma était la chasse gardée de son directeur. Contrairement à Brard qui, en 2001 avant l’arrivée de Goudet, avait interdit une semaine de films palestiniens, il n’y a jamais eu d’intervention de Voynet dans la programmation du cinéma.
Dès le début, nous avons été confronté à un problème très actuel : fallait-il distinguer l’homme de l’artiste, l’agent électoral du directeur artistique du Méliès ? A tort peut-être, on a laissé passer sans réagir l’édito anti-Voynet. Si Goudet, à mon souvenir, ne s’est pas mis en avant dans l’affaire du soit-disant accord secret avec Karmitz, à partir de la mise en évidence d’une double comptabilité au Méliès, il a pris la tête de la campagne de l’opposition contre la municipalité. Son licenciement pour « manque de loyauté » qui s’en est suivi a été validé par le Tribunal administratif, saisi d’un recours de Goudet.
La double comptabilité
On peut s’en tenir au rapport du CNC et au rapport de l’enquête préliminaire qui a suivi la saisie (obligation fonctionnelle) par Voynet de la justice.Il y avait une double comptabilité. Fallait-il parler de « caisse noire » ? On a peut-être eu tort de le faire, vu la connotation des termes. Cette double comptabilité a valu des sanctions administratives à des salariés, mais seul Goudet a été licencié.
Qu’est devenu l’argent de la comptabilité parallèle ? Les responsables du Méliès ont affirmé qu’il avait été reversé dans la comptabilité officielle. Sans apporter de preuves. Un salarié (ex-Méliès) a affirmé qu’il avait en partie servi à financer diverses choses, accusations qu’il a répété devant la justice (on peut le lire dans le rapport d'enquête, ce n'était pas une invention de la municipalité, sans preuves là aussi. Les conclusions de l’enquête préliminaire ont donc été qu’il n’y avait pas matière à poursuites, ce qui n’est pas un non-lieu. Sauf le rejet du recours de Goudet au TA, toutes les procédures judiciaires (annoncées ou réelles), notamment pour diffamation, sont tombées à l’eau.%%
Nous avons certainement eu tort de sembler privilégier les accusations de l’ancien salarié du Méliès, et sommes tombés dans le piège de l’opposition et de son agent électoral.
Mais si je suis revenu sur cette affaire, qui pour moi était du passé, c’est en raison du film « Ceux qui nous restent », un docu-fiction qui lui est consacré.
Ceux qui nous restent
Le film est sorti en décembre dans une seule salle de cinéma en France. A Montreuil. Au Méliès, où il a fait l’objet d’une vingtaine de projections, et de plusieurs débats. Depuis, il tourne en France dans des festivals de films « engagés ». De fait, il a été un des premiers actes de la campagne électorale de Bessac. Le film se présente comme un documentaire sur la lutte des salariés du Méliès. Ce qu’il est. Mais pour quoi, et contre quoi ? De passage à Montreuil à deux occasions, à une période où ce film était projeté, j’en ai lu les présentations dans deux des numéros du journal du cinéma, j’en ai lu des critiques sur le facebook du film, et cela ne m’a pas donné l’envie de le voir.
Documentaire donc sur une lutte, mais aussi fiction sur son contenu politique réel. « le sauvetage d’un cinéma de quartier », « l’indépendance des lieux culturels est menacée », « les salariés furent réintégrés » (mais seul Goudet avait été licencié, et il a été réembauché par Bessac malgré le jugement du TA). Etc, etc. La fiction politique est celle de la défense d’un cinéma (salle et contenu) qui n’a jamais été menacé, au contraire. Goudet a su mobiliser la solidarité professionnelle de personnalités incontestables et appréciées (Mariana Otero, Alice Diop, Sophie Wahnich notamment) grâce à cette fiction. Entre malentendu et instrumentalisation. C’est dommage.
Sortir le Méliès de la politique politicienne qui le pourrit depuis Brard est plus que jamais une nécessité. Pour préserver la dimension politique du cinéma. Si derrière la lutte des salariés du Méliès il y avait cela, alors elle aura été utile, même dirigée contre une fausse cible.
Patrick Petitjean, 12 mars 2020
Il y a certainement eu erreur de casting en 2014. Il y a une jeune génération d’élus PC plus démocratique,plus ouverts sur l’écologie. Une députée comme Elsa Faucillon par exemple,ou la maire de Morsang-sur-Orge. Mais on a eu affaire à un « vieil » apparatchik soucieux seulement d’assurer son pouvoir et celui de l’appareil du PC. Le pouvoir pour le pouvoir, sans vision politique. Qui plus est, il y avait du Macron dans Bessac, recherchant l’hégémonie politique malgré un score faiblard au 1er tour.On a donc rapidement assisté à un retour des pratiques politiques anciennes, celles de l’ancien maire, avec un pluralisme de façade.
Peu de positif dans le bilan
Bien qu’allié à EELV, Bessac n’a pas hésité à remettre en cause des réalisations ou projets engagés par la municipalité Voynet. Entre autres, sans y réussir pour la piscine écolo, mais avec succès pour l’école « écolo » de la ZAC Boissière. Sans parler de la haute sensibilité verte qui a consisté à bétonner les pieds d’arbres. Passons aussi sur les fictions sur la soit-disant mauvaise situation financière de la ville et de l’OPHM.
Au lieu du pluralisme, il y a eu la volonté de diviser tous ses partenaires (une constante de Brard avant lui), en s’attachant les bons services d’une partie d’entre eux et marginalisant les autres. Et cela a marché, au sein d’EELV notamment. Bessac a fait preuve d'une habileté remarquable. Au final, en 2020, tous les partis ont éclaté, sauf le PC.
L’opacité financière n’a pas attendu avec la création du fonds de dotation « Montreuil solidaire », avec à l’origine de simples prête-noms du PCF. Le fonctionnement de ce fonds est resté opaque et a valu au maire un carton rouge d’Anticor. Le fonds recueille les contributions d’opérateurs privés comme Véolia, BNP Paribas, Bouygues Immobilier, OBM, Eiffage, Nexity, Cogedim… Certains sont des promoteurs immobiliers qui, par ailleurs, obtiennent de la ville des cessions de terrain (parfois en dessous du prix du marché) et des droits à construire (ou à bétonner comme avec le projet EIF dans les Murs à Pêches obtenu par Bouygues) ou encore, des entreprises bénéficiaires de marchés publics de la ville. On n’est pas loin de l’affairisme typique des « vieilles » villes PC.
Ce fonds est d’ailleurs un vecteur important du clientélisme envers les associations comme envers les habitants (Ah, les sorties à Noël pour des spectacles offerts à tous les enfants de la ville…). Il y a souvent prise en otage des associations. Ainsi, il y a quelques jours, la séance de signature de nouvelles conventions avec des associations des MAP, en pleine campagne électorale. Difficile de refuser….
Autre caractéristique, héritée là-aussi de Brard, le « tout communication » : de bonnes initiatives sont noyées dans des flots de communication, au point de faire douter de la sincérité, surtout quand le service après-vente n’est pas fait. Ainsi de l’occupation officielle de l’AFPA par des résidants de Bara, dont la suite est calamiteuse.
Autant dire que la comparaison entre les engagements pris et la réalité des politiques suivies n’est pas flatteuse.
Malgré tout, Bessac n’est pas Brard. Il était possible de travailler dans sa majorité, plus facilement évidemment quand on accepte des liens de subordination que quand on défend son autonomie, remettant ainsi son autocratie. Dans son créneau (la solidarité internationale, les migrants), le bilan d’Halima Menhoudj, adjointe écolo (EELV, puis LREM, puis génération écologie / urgence écologie) est loin d’être mauvais. Comme celui d’autres élus écolos (Notamment Catherine Pilon pour les déplacements et Claire Compain pour l'énergie).
Au vu d’un tel bilan, « Montreuil mérite mieux », comme dit movico2020. Nous avons besoin d’un sursaut démocratique, et d’une bifurcation écolo. Et pour 2020, le compte n’y est pas avec la liste Bessac, au 1er comme au 2ème tour.
« Montreuil est une chance »
Dans les marges de la crédibilité du sondage de l’IFOP qui lui attribuait 48 % des intentions de vote au 1er tour, et une élection (sans EELV) dans un fauteuil au 2ème tour, on peut penser que, malgré ce bilan, Bessac va sans doute gagner sa réélection. Eclatement de ses partenaires, communication réussie sur le rassemblement de la gauche et de « certains » écologistes, conquête de la plupart des réseaux brardistes de la ville. Dans un contexte de mobilisations populaires, l’aspiration au rassemblement de la gauche et des écologistes est forte dans une ville comme Montreuil avec ses traditions. Faute d’alternative suffisamment crédible, Bessac a su capter cette aspiration.
Certes, le rassemblement s’est fait dans la violence au sein du PS et de la France insoumise, mais cela ne touche que le microcosme. Si l’on parcourt la listes de soutiens (dont le nombre ne préjuge pas du résultat électoral : Brard récoltait ainsi des centaines et des centaines de soutiens, ce qui ne l’a pas empêché d’être battu en 2008), on y trouve les mêmes noms que je vois depuis 25 ans, mais aussi des personnes venant de l’extrême-gauche, d’autres qui nous avaient soutenu en 2001. Cela dépasse les traditionnels réseaux PC et brardistes, les grandes familles de Montreuil.
Si l’on parcourt le programme, il y a beaucoup de promesses lourdes (un groupe scolaire, de multiples maisons, une médiathèque…) ou qui ne dépendent que très peu de la ville (un nouveau lycée, le tram, la L9). Tellement de propositions (plusieurs centaines) qu’on peut toujours y trouver ses petits (et beaucoup de bonnes choses qu’on trouve aussi dans d’autres programmes, à défaut d’un trouver une vision (toujours) et une cohérence, hormis la langue de bois : « une ville-monde » est une rhétorique d’autant plus creuse que plus loin on parle de culture montreuilloise (?). Il y a quelques belles perles et quelques absences.
Tout le programme est ici.
Dans la présentation du programme, au ton très communicant et un peu ronflant, avec un usage récurrent du mot « ambition » au long du programme, « une ville monde aux mille cultures où chacune et chacun compte »), on peut lire des proclamations un peu irréelles en novlangue comme « Nous sommes une équipe soudée » : (mais peut-être est-ce vrai pour l’instant, au vu du mode de constitution de l’équipe au forceps chez ses alliés, écartant les dissidents potentiels. Et encore : « Nous sommes animés de profondes convictions humanistes, écologistes, sociales ». Cela vaut effectivement mieux en l’écrivant.
La partie "écologie du quotidien" attire l’attention. L’objectif est « offrir un cadre de vie » (merci M. le Maire), formulation typique de la politique surplombante et paternaliste. On est loin de l’affirmation des enjeux de la crise climatique. D’ailleurs, cette « écologie du quotidien est là pour « protéger » (les habitants sont paraît-il en demande de protection selon les politologues). Cela commence par la propreté, et continue par la sécurité (de nouveaux policiers municipaux).§§§
Si le vélo, les transports collectifs et la rénovation thermique des logements sociaux (plus quelques autres) sont à leur place (mais les énergies renouvelables un peu moins et le mésusage de la voiture encore moins), et il faut s’en réjouir, la cohérence d’ensemble a disparu, l’urgence climatique aussi. Il n’est pas question de la mise en œuvre du plan climat, parce que cela ressort de l’agglo ? En ce qui concerne la pollution on peut lire « ambition de réduire de 40 % les effets des gaz à effets de serre à l’horizon 2030 », ce qui ne veut pas dire grand-chose. Réduire les effets ? Quels indices ? La pollution atmosphérique vient-elle surtout des gaz à effet de serre ?
Pour le reste, on relève une innovation linguistique dans l’air du temps « la démocratie alimentaire », et un gadget participatif de plus, « la fabrique citoyenne ». Un n-ième dispositif institutionnel, associant élus, services experts et habitants, en fait, un « étouffe-initiatives » d’habitants, de haut en bas. Cela semble loin des réflexions sur l’intervention autonome des habitants pour « produire de l’urbain et de l’urbanité ».
"Montreuil n'est pas une chance"
Ce programme est-il en mesure de conduire à un sursaut démocratique et à une bifurcation climatique ? Cela semble peu crédible au vu de l’insuffisance des mesures, et encore moins du bilan 2014-2020. Alors, accepter l’hégémonie de Bessac au nom d’un rassemblement de la gauche et de certains écologistes ? Contre la droite et l’extrême-droite, cela se justifie, comme dans la plupart des villes. Mais ici, ni Brard contrairement à 2014, ni la droite, ne semblent en mesure de représenter un danger pour la gauche. L’appel au rassemblement n’est qu’un faux-nez contre le pluralisme. L’expression autonome des forces de gauche, et des primaires entre partis sont une chance pour Montreuil.
Une ville verte, solidaire et démocratique ne peut se faire avec « Montreuil est une chance », ni au 1er, ni au 2ème tour.
Patrick Petitjean, 10 mars 2020
Quelques photos de la manif à Bayonne
Les mots sont précis : l’urgence climatique demande une métamorphose écologique, et pas une simple transition, un mot qui fait un consensus de surface. 7 thématiques sont proposées par Bizi, qui sont devenues « classiques » : mobilités douces, énergies renouvelables, alimentation bio et locale, maîtrise de l’énergie, réduction des déchets, monnaie locale (l’Eusko au Pays basque) et déclinaison du plan climat.Mais les petits pas ne suffisent pas » : C’est le dernier mandat pour le climat, annonce Bizi, et des actions concrètes et radicales doivent être engagées maintenant.
Une présentation de la démarche de Bizi se trouve sur son site.
On peut aussi voir l’article de Reporterre.
80 listes ont signé ce pacte, un nombre significatif. Non seulement des listes identifiées comme écolos et/ou abertzales, mais aussi des listes de gauche et des listes de droite, dont les maires sortants de Biarritz et Bayonne. Sans illusion. Bizi avait déjà fait une campagne de ce type en 2014, avec moins de signatures. Un comité de suivi a vérifié le respect des engagements : sans surprise le bilan est en demi-teinte (voir l’article de Reporterre). Evidemment certaines signatures 2020 manquent de crédibilité… Mais ces signatures sont aussi une indication du rapport de forces que peut faire jouer une mobilisation écolo radicale.
Le suivi du respects des engagements n’est pas confié aux futurs élus, mais à un comité de suivi associatif, indépendant. C’est un instrument de pression permanent. L’équivalent pourrait être, dans une ville comme Montreuil, une plate-forme commune des associations et groupes d’habitants écolos, réellement indépendante des élus et partis. De nombreux réseaux nationaux, tel le Réseau Action Climat, proposent des listes d’actions urgentes. Mais il manque souvent leur concrétisation locale sous une forme cohérente.Il est facile d’y picorer telle ou telle mesure, parfois même d’en rajouter des farfelues. Le sens politique d’un pacte est souvent oublié en route.
Mais l’élection municipale elle-même n’est ni une fin ni un commencement. Juste un passage.
Patrick Petitjean, 9 mars 2020
Réseau action climat : 10 mesures Voici les dix mesures retenues : « limiter la place des véhicules polluants » : « développer le vélo » ; « développer les transports en commun » ; « rénover les logements » ; « développer les énergies renouvelables » ; « proposer une cantine bio locale et plus végétarienne » ; « planifier l’avenir de la filière agricole » ; « mettre fin aux grands projets inutiles » ; « limiter la place de la publicité dans l’espace public » ; « réduire et valoriser les déchets ».
]]>Movico
Pour la 2e liste écologiste, Movico, la question est réglée dès l’origine. Il n’y aura pas de fusion avec la liste Bessac au second tour. Movico reprend ainsi la position qui fut celle des écologistes en 2001 et 2008 contre Brard. Bessac a mis ses pas dans ceux de Brard, il en a repris le pratiques politiques. En 2014, un front démocratique était nécessaire pour empêcher le retour de Brard, même s’il est apparu après coup que Bessac était plus régressif que progressiste en matière de démocratie et de transparence. En 2020, Brard n’est pas un danger, pas plus que la droite (comme d’habitude). Pour Movico, aucune raison donc de rechercher une fusion avec la liste Bessac.
Une proposition circule sur les réseaux sociaux, faite par Daniel Chaize, un ancien du groupe Viprey-Tuaillon : celle d’un front anti-Bessac allant de la droite aux écolos en passant par Brard. Une telle perspective est parfaitement étrangère aux valeurs démocratiques et citoyennes portées par Movico.
Reste la question d’une éventuelle fusion à proposer à la liste EELV (canal officiel) pour le second tour. L’union des écologistes et de citoyens, dont EELV n’a pas voulu au 1er tour, sera-t-elle possible au second ? Cette union aurait un sens par rapport au greenwashing de Bessac. Mais EELV le voudra-t-il ? La balle est dans leur camp.
EELV (canal officiel)
EELV va devoir choisir entre aller seul au second tour (si Bessac, qui n'en aura sans doute pas besoin, ne veut pas fusionner avec EELV) – fusionner avec Bessac pour prendre quelques strapontins – ou fusionner avec Movico.
Le nom même choisi pour la liste, « les écologistes aux responsabilités » traduisait une stratégie visant à, ou gagner, ou avoir un rapport de forces équilibré pour fusionner avec la liste Bessac et partager le pouvoir. Cette stratégie a toutes les chances de n’avoir été qu’une illusion, et d’être l’expression d’une absence de sens des réalités politiques montreuilloises.
Elle faisait aussi abstraction du bilan 2014-2020 des élus écologistes dans l’équipe Bessac.
Il y a eu 6 ans de greenwashing, pas même de petits pas écolos. La présence d’écologistes « aux responsabilités » déjà pendant 6 ans a-t-elle permis d’influer sérieusement sur la politique municipale ? Il semble que non. Quel sens aurait la fusion avec la liste Bessac, quand on prône une véritable transition écologique ? On peut rappeler à ce propos que « transition écologiques » est devenu un mot valise, allant de la couverture du greenwashing à une véritable rupture politique rendue nécessaire par l’urgence climatique. Voir en ce sens la contribution de Txex Etcheverry (Bizi) ici.
Bessac voudra-t-il d’ailleurs d’un regroupement avec EELV au 2e tour ? Il risque de ne pas en avoir besoin. De plus, il y a déjà « certains écologistes » en bonne position sur la liste de Bessac (et donc de quoifaireun groupe écolo après 2020). Laquelle semble bien verrouillée tant il y a de multiples fractions de gauche à satisfaire. En 2014, la fusion des listes étaient une nécessité contre Brard. Cette année, Bessac a toutes les cartes en mains. EELV est-il prêt à se contenter de strapontins « aux responsabilités » dans la municipalité Bessac II, avec un rapport de forces dégradé ?
Inversement, le regroupement d’EELV avec Movico lui donnerait une porte en sortie honorable. En 2001, avec 28 % et 9 élus au 2e tour contre Brard et la droite, nous avons créé une dynamique qui a permis notre succès en 2008 avec Dominique Voynet.
Patrick Petitjean 2 mars 2020
]]>Quand je suis arrivé à Montreuil fin 1994, l’association MAP venait d’être créée pour donner une dimension plus globale à la protection du site, jusque là prise en charge par la Société d’Horticulture, bien seule. Comme tous les écologistes de la ville, j’ai soutenu ce combat de l’association contre les projets d’urbanisation portés par l’ancien maire, Jean-Pierre Brard.
Retour sur la mandature écolo et les MAP
Des avancées partielles ont eu lieu dans les années 2000 (parcelles confiées à des associations, classement d’une partie du site à l’initiative de Dominique Voynet, alors ministre, en 2001, …). Quand nous sommes arrivés à la mairie en 2008, notre première décision a été de retirer la délibération prise par la municipalité brardiste de construire des dizaines de pavillons sur le site ; l’ex-maire avait même commencé à recueillir des candidatures de futurs propriétaires…
Nous avons réuni une commission extra-municipale, avec des élus, des associations et des personnalités, qui a travaillé plusieurs mois, et ouvert la perspective d’activités horticoles, y compris d’une ferme « rentable » sur le site – malgré la pollution des sols qui les associations nous avaient rappelé – et pour laquelle nous avions engagé plusieurs études pour une dépollution par les plantes. Nous avions du cependant prendre une interdiction de certaines cultures.
Les associations ne partageaient pas complètement cette perspective de « ferme urbaine », concevant le site comme un archipel de lieux aux activités les plus diverses, ludiques, culturelles, découvertes de la nature, culture et jardinage, patrimoniales. Au fil des ans, c’est cette vision du site qui s’est imposée, avec le développement des associations et de leurs activités. Nous n’avons pas non plus su mettre en place une gouvernance adaptée à cette situation, et l’affaire EIF montre le coût de cette absence.
La construction (décidée par la municipalité Voynet) de la piscine écolo à la frontière du site est restée cohérente avec la protection du site. C’est moins le cas de deux constructions empiétant sur le site auxquelles elle n’a pas pu (voulu) s’opposer. Celle d’un collège (nécessaire à Montreuil), par le Conseil Départemental, sur des terrains lui appartenant. Celle d’un garage (SMR) pour le futur tramway : une localisation alternative à Romainville ayant été refusée.
La relance de l’urbanisation par la municipalité Bessac
Ce fragile équilibre a été remis en cause ces dernières années par le maire de Montreuil, inscrivant ses pas dans ceux de Jean-Pierre Brard. Sous prétexte de rénover une vieille usine polluée (EIF), des parcelles publiques seront revendues à Bouygues pour y construire 83 logements, supposés équilibrer financièrement l’opération rénovation / dépollution… Voir l’article récent de Reporterre sur le sujet. Il y a quelques semaines, le Conseil d’agglo a voté un nouveau PLUI qui entérine cette ouverture à l’urbanisation.
Cette opération immobilière a été lauréate de l’appel à projets « invention la métropole du Grand Paris », dont le promoteur est Jean-Louis Missika, adjoint à l’urbanisme d’Hildalgo. C’est peu que cette perspective de développement urbain est profondément anti-écolo, et totalement déphasé au regard des villes résilientes. Inventer un nouvel urbanisme, adapté au changement climatique, est un des principaux thèmes porté par EELV à Paris. On aimerait le voir davantage repris par EELV à Montreuil.
Car, surprise, ce projet EIF a été soutenu par une partie des élu.e.s écologistes de Montreuil, et notamment par Mireille Alphonse, la tête de liste cette année pour la mairie. Et ce, à l’encontre de l’histoire des écolos de la ville. Les élections approchant, il semble que ses positions aient évolué : abstention sur le PLUI, et maintenant signature du pacte proposé par la fédération des MAP, qui demande l’abandon du projet EIF. C’est une bonne nouvelle, et un bon début pour un accord de second tour entre les deux listes écologistes, même si la durabilité de ce virage peut laisser sceptique.
A l’inverse de la branche « canal officiel » (qui a emporté le sigle) d’EELV, la branche « canal historique » d’EELV (qui participe à la liste Movico) s’est toujours opposé au projet EIF, et a notamment voté contre le PLUI. Movico a logiquement signé le pacte proposé, qu’on peut lire ici.
Et a publié un document pour rappeler les enjeux du site, de sa préservation et de la mise en place d’une gouvernance d’ensemble. Les propositions de Movico pour les MAP sont ici.
Patrick Petitjean, 2 mars 2020
]]>Un sondage biaisé, mais parlant
Les résultats complets de ce sondage sont ici.
Comme pour tous les sondages, les limites sont importantes. Ce n'est même pas une prévision de vote, juste une photo des intentions à deux semaines de l’élection, sur un faible échantillon (600 personnes interrogées par téléphone) – ce qui implique des marges d’erreur fortes : environ 4 % sur Bessac, 3 % sur Alphonse, 2 % sur les autres listes testées.
De plus, ce sondage est fortement biaisé par le choix des listes testées comme par leur présentation, qui est déterminante. Pour ce sondage, elle est pour le moins bizarre. Tout ceci relève d’une mauvaise appréciation de la situation montreuilloise. Il y a des oublis (« Montreuil c’est vous » par exemple) de listes annoncées et bien engagées. La liste « citoyenne et écologiste », Movico, est rabattue sur une dissidence du PS, sous prétexte que Chokri Yonis, la tête de liste, est une ex-PS, de plus étiquetée comme "un" dissident...La 2e liste écologistes est donc, en réalité, absente aussi du sondage. La liste soutenue par Brard n’a pas la bonne tête de liste. Approche superficielle de l’IFOP, manque de professionnalisme (de contacts sur le terrain)… plutôt que manipulation comme certaines commentaires l’ont avancé.
Autre remarque méthodologique : Brard, l’ancien maire, faisait des sondages de notoriété ; seul le maire et quelques adjoints « vétérans » étaient connus d’une majorité (au-delà de 30%) des habitants. Seuls Bessac et Brard, dans ce sondage, sont identifiés par la plus grande partie des habitants. Peu importe la tête de la liste soutenue par Bard, c’est un label en tant que tel. Les étiquettes sont plus déterminantes que les personnes.
48 % (+- 4%) d’intentions de vote pour l’union de la gauche derrière Patrice Bessac : cela me semble personnellement crédible. On ne peut exclure une victoire dès le 1er tour. Si son bilan 2014-2020 est exécrable, il a su rassembler, dans la douleur et au prix de crises chez ses alliés, l’ensemble des partis de gauche, et une branche de l’écologie("urgence écologie". Faute d’opposition véritable, faute d’alternative crédible en 2020, faute de mieux donc, il paraît, malgré les critiques faites par plein d'habitants, en mesure de porter l’aspiration au rassemblement à gauche (ce qui pour moi inclut les écologistes). Une aspiration à ne pas négliger en ces temps de casse du système social et où l’extrême-droite est à l’affût.
Pour le reste du sondage, la droite est plus faible que jamais (11%), Brard a encore un bout d’électorat (9%), l’extrême-droite se replace sur la scène montreuilloise (7%). Et faute de présence de la 2e liste écolo dans le sondage, « le » dissident socialiste (sic) est, sans surprise, à 3 %.
EELV
Ce sondage devrait interroger EELV sur ses prétentions et sa stratégie. 20 %, c’est le score que nous avions fait en 2001, dans un contexte moins favorable. En 2001, Montreuil était avec Grenoble et ceratins arrondissement parisiens, les villes où les écolos faisaient leur meilleure score. En 2020, si le score du 15 mars confirme peu ou prou le sondage, EELV Montreuil est laissé sur la grève de la vague verte : de nombreux sondages sont au-delà de 30 %.
20 %, c’est aussi avec un sondage qui présente EELV comme seule liste écologiste, alors qu’il y aura le 15 mars une 2e liste écolo, movico.
Ce sondage montre qu’EELV ne semble pas avoir réussi à construire une crédibilité face à Patrice Bessac, compte tenu à la fois de son bilan (ou du moins de celui du groupe autour de Mireille Alphonse) et surtout de la stratégie mise en œuvre. Certains ont cru que la simple affirmation du sigle EELV suffirait. Et envisageaient même de gagner la mairie sur cette base. Une petite majorité du groupe local EELV (cela s’est joué à quelques voix) a validé cette stratégie de passage en force, à l’encontre de la minorité d’adhérents proposant une stratégie de rassemblement interne du groupe, et des écologistes et citoyen.ne.s de Montreuil.
Ce sectarisme interne et externe est en train de provoquer un beau gâchis. Mireille Alphonse et ses proches étaient « aux responsabilités » en 2014-2020, sous la houlette de Patrice Bessac. S’ils devaient faire le score envisagé par le sondage, non seulement ils ne pourraient prétendre diriger la ville, mais ils se retrouvent complètement dépendants du bon vouloir de Patrice Bessac pour retrouver des postes.
2e tour
Car les intentions de vote pour le 2e tour sont là-aussi brutales : Le maire sortant n’a pas besoin des voix écolos pour l’emporter, même en cas de triangulaire, et la droite est moins que jamais dangereuse : 61 % pour Patrice Bessac, 25 % pour Mireille Alphonse et 14 % pour Murielle Mazé. 25 % au 2e tour pour des écolos en 2020, c’est moins que ce que nous avions fait en 2001, 28 % dans une quadrangulaire.
Sauf erreur de ma part, d’autres listes absentes du sondage, se présentent le 15 mars et, bonne nouvelle, les lepénistes n'ont pas réussi à faire leur liste : à droite, l’UDI, un DVD et l’UPR. Chez les trotskistes, 3 listes comme souvent, le NPA, LO et le POI-D. Chez les vrais citoyens, « Montreuil c’est vous » et chez les faux citoyens, une liste soutenue par Brard mais avec une autre tête de liste que Cheikh Mamadou. Et movico, la 2e liste écolo.
S’il subsiste une (maigre) chance de troubler le jeu électoral, et de dessiner une alternative pour 2026, ce sera par le regroupement des deux listes écolos pour le 2e tour.
Et heureusement, une élection c'est fait pour démentir les sondages
Patrick Petitjean, 29 février 2020
]]>Soutenir le Nouveau Centenaire
En 1996, quand le foyer Nouvelle France fut rasé par Jean-Pierre Brard, le maire de l’époque, j’étais adjoint aux transports, et nous fûmes peu d’élus de la majorité à être solidaires des résidents, et à être restés solidaires quand ils ont occupé une ancienne usine rue du Centenaire.
J’y ai perdu ma délégation (et mon indemnité) d’adjoint, estimant que ne plus être aux responsabilités était préférable à la perte de ses valeurs écolos
Le soutien des Verts et d’EELV ne s’est jamais démenti par la suite, et quand Dominique Voynet est devenue maire en 2008, ce fut un dossier prioritaire. Il fut traité de manière exemplaire par elle, Cécile Duflot (alors ministre) et par Claude Reznik, en charge du dossier. Le relogement du foyer (de fait) du Centenaire déboucha sur un habitat participatif exemplaire (avec l’OPHM), le Nouveau Centenaire, dont à l’origine l’État ne voulait pas.
Figure encore sur ce blog un billet (en date du 14 avril 2016) sur le Nouveau Centenaire que j’avais fait lors de son inauguration. En ce qui concerne le restaurant, on peut voir aussi le lien vers un article du Parisien.
A noter que la présence d’Emma Cosse, alors démissionnaire d’EELV et ministre de Hollande, avait été contestée, lors de cette inauguration, alors que Cécile Duflot n’était pas invitée. D’autres élu.e.s d’EELV l’avait défendue, au nom de « l’écologie aux responsabilités ». En avril 2016 donc… tout une démarche, aujourd’hui reprise.
Avec le foyer lui-même, il y a des boutiques et surtout un restaurant associatif. Le nouveau maire depuis 2014 a été très difficile à convaincre de maintenir boutiques et restaurant, c’est le moins qu’on puisse dire. Un héritage de Dominique Voynet fort bien défendu par Claude Reznik qui était resté adjoint en charge du dossier dans la nouvelle municipalité.
Dans le cadre d’une réflexion à laquelle je participai à l’époque sur le « mariage » (encore très rare) entre habitat participatif et logement social, j’étais venu en octobre 2018 au Nouveau Centenaire, et rencontré des « anciens » qui se souvenaient encore de la solidarité en 1996 et dans les années suivantes.
En 2020, la solidarité s’impose toujours
Ci-après, l'appel du restaurant
Patrick Petitjean, 21.2.2020
Appel à la constitution d'un Comité de soutien pour la sauvegarde du NOUVEAU CENTENAIRE
Chantier d’insertion et restaurant social et solidaire à Montreuil
Notre citoyenneté n’est pas un commerce !!!
Le restaurant associatif du Nouveau Centenaire est non marchand. C’est une innovation que les habitants proposent pour les Montreuillois et ouverte à tous. Pourtant, la vocation de ce lieu n’emporte pas la reconnaissance de la Ville. Actuellement, Nous sommes titulaires d’un bail commercial au loyer annuel de 61 000 euros. Pour notre restaurant d'insertion à vocation solidaire et sociale, dont le modèle économique est celui d'un atelier chantier d'insertion, un tel coût est structurellement insupportable. D'une part, notre commercialité est plafonnée juridiquement et d'autre part, aucun chantier d'insertion en Ile de France œuvrant dans la restauration ne subit une telle pression financière, c'est inédit !
En conséquence, en dépit de notre vocation économique non marchande œuvrant pour l'emploi et contre les discriminations, nous sommes assignés le 02 Mars 2020 par l’OPHM au tribunal de Bobigny pour impayés de loyer et risquons l’expulsion.
Dès le lancement du projet du restaurant d’insertion, lors de maintes négociations sur le loyer, les instances locales ont persisté dans la volonté de dénier la dimension inclusive, citoyenne, solidaire, sociale et antidiscriminatoire de notre outil économique innovant, en réduisant le projet à un simple commerce. C’est caricatural ! Il n'a jamais été question de commerce mais d’une volonté de construire un lieu collectif, de convivialité et porteur de citoyenneté. Cette initiative menée par des travailleurs d’Afrique de l’Ouest, est tout d'abord démocratique et associative. Son but est d’infléchir sur les discriminations produites par la précarité sociale via un restaurant d’insertion. Dans ce but, en 2019, notre structure a consacré 26.616 euros pour chaque salarié en insertion embauché.
Assignés à nouveau le 02 Mars 2020 à Bobigny sur la base d'un bail commercial outrancièrement cher et non adapté, nous réaffirmons que notre seul commerce est celui de la solidarité pour une citoyenneté pour toutes et tous sur la Ville. C’est pourquoi nous exigeons une requalification de notre bail en bail associatif et non commercial et une renégociation du loyer en adéquation avec notre objet.
Nous sollicitons, donc, à une énième reprise le maire et la délégation en charge de l'économie sociale et solidaire pour trouver une solution dans le cadre d'une rencontre que l'on nous a refusé jusqu'à présent.
En attendant, pour déjouer ce judiciarisme stérile et coûteux tant sur le plan social qu'économique, nous avons le devoir de nous mobiliser pour faire valoir notre légitimité associative, démocratique et locale.
Nous vous invitons à constituer un comité de soutien dont la première réunion aura lieu le MERCREDI 26 Février 2020 à 18 heures au Restaurant associatif du Nouveau Centenaire sis au 45 Avenue Pasteur à Montreuil, Métro Mairie de Montreuil. Soyez Toutes et Tous Les Bienvenu.e.s.
RESTE AU RANG ASSOCIATIF !
Cuisinons contre les discriminations !
nouveaucentenaire@gmail.com
]]>Montreuil dans la presse déchaînée
L’article du Monde mérite un retour. Il est d’autant plus intéressant qu’il a sans doute été écrit en décembre. On peut relire cet article ici
La journaliste du Monde, Sylvia Zappi, a-t-elle été bluffée par Patrice Bessac ? Ou est-ce surtout de l’ironie ? Dans une vie ancienne, elle fut membre de la LCR, puis des Verts. On peut donc la créditer d’une bonne compréhension des dynamiques sous-jacentes à ce qu’on lui raconte.
Côté ironie, il y a le titre (« Montreuil quasi miraculé de la division et des tensions »), mai elle n’est pas forcément responsable du titre. Il y a l’entame sur une histoire de sabre malien. Il y a l’idée que le maire est dans « une idylle » avec les habitants, contredite un peu plus par la mention de l’existence des « nombreux déçus ».
Côté « bluffée par le maire », il y a quelques idées fausses sur le bilan du maire : la piscine n’est pas une réalisation de Patrice Bessac, mais de Dominique Voynet, elle a été achevée faute d’avoir pu revenir en arrière comme le maire en avait l’intention ; et l’équipe du Méliès n’avait jamais été évincée par Dominique Voynet, comme le prétend l’article – seul de l’équipe, Stéphane Goudet, le directeur, avait été licencié, ce que le tribunal administratif avait jugé comme justifié en rejetant le recours de Goudet contre son licenciement.
Mais près de deux mois après l'écriture, on peut créditer Silvia Zappi d’avoir bien saisi les dynamiques présentes : Patrice Bessac a récupéré les logos de Génération.s, de la FI et du PS, même si cela s’est fait dans la sueur et le sang, et que nombre de militants ne suivent pas. Et selon lui, « Avec "Montreuil est une chance", toute la gauche et certains écologistes ont fait le choix de l’unité ». Les mots « certains écologistes » sont un peu cruels pour Urgence Ecologie, qui participe à cette liste, et annoncent la future alliance de second tour avec d’autres écologistes... s’il ne passe pas au 1er tour...
EELV n’a pas voulu rassembler et semble penser qu’afficher le logo suffira. Comme Patrice Bessac, Mireille Alphonse a collectionné quelques logos, qui sont, dans son cas, plutôt vides de militants locaux et comiques, sauf le Parti animaliste : l’alliance écologiste indépendante, le PRG (ex-brardistes), Place publique. C’est la politique de l’autruche. Sylvia Zappi a bien perçu que c’était « sans illusion » et que l’objectif était, par une alliance de second tour d’assurer une place de première adjointe à sa tête de liste. Même si, officiellement, il n’y a pas de position d’EELV sur le 2e tour.
« Reste les déçus de la mandature, et ils sont nombreux ». Cette phrase introduit le paragraphe consacré au collectif (pas encore une liste en décembre) Movico2020, où le trio animateur (Chokri Younis, Pierre Serne et Florence Fréry) est bien identifié par leurs parcours politiques. « Montreuil mérite mieux », pour lancer une dynamique alternative, et non une simple alternance. La droite est absente, et Jean-Pierre Brard évacué (« il rôde toujours, sans grand effet »).
L’article de Libération, ici, est beaucoup moins analytique. Comme pour les autres villes de la série sur des villes du 93, le choix éditorial est de faire un focus « positif » sur ceux et celles qui apparaissent comme les principaux concurrents du maire sortant, ici, Mireille Alphonse avec la liste EELV. Il reconnaît que Patrice Bessac marche dans le costume de favori, et qu’il surveille Jean-Pierre Brard, effectivement toujours à grenouiller pour se cacher derrière une liste « citoyenne ».
Le dernier paragraphe de l’article mérite d’être cité en entier, tant il est choquant pour ceux qui ont soutenu Dominique Voynet et/ou ont participé à son équipe.
Elle rêve d’une ville en vert. On oublierait presque que c’était le cas au début du siècle, lorsque Dominique Voynet dirigeait Montreuil. Un échec. Le mandat de l’ancienne candidate à la présidentielle et ministre de l’Environnement a laissé un étrange goût amer. Les écolos montreuillois prennent un peu sa défense. Ils soulignent tous que le bilan de Voynet n’était "pas mauvais" Mais ils aiment préciser que "Mireille est beaucoup plus sympa que Dominique" ».
Certes, on n’en attendait pas moins de l’ancienne candidate du Modem de 2008 (Mireille Alphonse), qui met en avant dans son équipe un écolo élu en 2008 avec Jean-Pierre Brard contre Dominique Voynet (Bruno Rebelle) et qui a fait appel au PRG, une excroissance bradiste à Montreuil pour augmenter sa collection de logos. Que sont devenus les écolos montreuillois de Mireille Alphonse pour pour ne prendre qu’un peu la défense de la mandature de Dominique Voynet. Il n’est pas besoin de mythifier le bilan de la mandature 2008-2014 pour manifester un peu plus de solidarité. Il y a un manque de loyauté, mais surtout une appréciation affligeante de bêtise apolitique "Mireille est beaucoup plus sympa que Dominique" pour résumer le bilan de la mandature. Il y en a qui sont tombés bien bas.
Patrick Petitjean 16.02.2020
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