Pour la première fois en 2008, la LCR a participé à une liste avec des acteurs de la vie locale, très ouverte, dont le programme était fortement « territorialisé » (portant sur des enjeux locaux concrets), sans se limiter à des thèmes idéologiques généraux, reproductibles de ville en ville.
Dans un contexte local très polarisé, c’est vrai, par le duel entre le maire sortant et la liste « Montreuil Vraiment ! », le score réalisé par la liste « Ensemble… » est plus qu’honorable et encourageant, même si des listes semblables ont, dans d’autres contextes, ont réalisé des scores à deux chiffres.

Après la soirée du dimanche 9 mars à la mairie (voir le billet « soirée mémorable » : appel hypocrite de Brard et micro coupé), les animateurs de cette liste ont rencontré ceux des deux listes restant en présence pour le 2e tour. La liste Brard a fait beaucoup de promesses en cas de fusion de la liste « ensemble » avec elle. C’est tout à l’honneur de la liste « Ensemble… » de les avoir refusées.
J’ai participé à la rencontre de « Montreuil Vraiment ! » avec « Ensemble ». Nous n’avons pas voulu faire de promesses démagogiques pour provoquer une fusion des deux listes. Nous connaissions les désaccords entre les deux listes, en dépit des importantes convergences programmatiques sur les questions locales. Une fusion « technique » n’apporterait pas une dynamique suffisante non seulement pour gagner, mais pour transformer les pratiques politiques après le changement de maire.
Nous avons fait l’expérience d’être élu très minoritaire dans une majorité dont nous savions qu’elle ne serait pas durable. 1 ou 2 conseillers municipaux ne servent pas à grand chose, et ne peuvent pas faire grand chose.
Nous avons préféré nous situer dans une perspective de partenariat après les élections, dans le cadre de la transformation que nous ferons des pratiques politiques : ouverture des commissions municipales à des non-élus, pluralisme de la presse municipale, reconstruction d’un conseil économique et social, accès aux documents municipaux… Ceci concernant autant les citoyens que les élus minoritaires et les courants politiques sans élus (dissidents PC, « Ensemble… », MoDem…).
Plus, je pense que le changement de municipalité permettra non seulement un changement des pratiques politiques du maire et des élus, mais, en levant le verrou brardiste, ce changement peut provoquer un formidable élan des initiatives citoyennes des Montreuillois. Le changement démocratique dans la ville, c’est d’abord ce que les habitants en feront.

La liste « Ensemble » a finalement décidé (déclaration ci-après) de ne soutenir aucune des deux listes présentes au 2e tour. Je le regrette, même si je respecte cette position.
En 2001, les trois listes d'extrême-gauche avaient obtenu 12% des voix au 1er tour. Pour le 2e tour, 8% étaient venus sur la liste "Montreuil Ville Ouverte" que je dirigeais, et 4% sur celle de Brard : au point que l'Humanité y a vu la surprise du 2e tour à Montreuil. Les électeurs d'extrême-gauche sont hostiles dans leur majorité à Brard, dont ils refusent les pratiques politiques, et une grande partie des orientations.

Les motivations de ce double rejet sont en effet à deux niveaux très différents. Nous n’avons aucune divergence avec ce qui est dit de la liste Brard. Ce sont des critiques que nous faisons depuis des années, et que nous avons faites pendant cette campagne. Comme les participants de la liste « ensemble ». C’est en particulier pour ces raisons que nous avons fait une liste à part, et que nous refusons de fusionner. Ces critiques portent sur des questions locales, sur un bilan et des pratiques. Elles ne sont pas « personnelles ».
Les raisons avancées pour ne pas soutenir la liste « Montreuil Vraiment ! » sont d’ue autre nature. Elles sont beaucoup plus personnalisées contre Voynet.
- La déclaration se fait l’écho de Guédiguian : Voynet aurait pour seul but de prendre la place de Brard, oubliant par la même l’existence d’une équipe, et la démarche de construction de cette équipe et d’un programme depuis l’été dernier. La dimension collégiale est inverse de celle de Brard. Il reste un procès d’intention contre Voynet.
- Il lui est reproché d’avoir participé au gouvernement Jospin et donc de n’être point vraiment opposé au nucléaire. Un vrai désaccord (la participation gouvernementale, mais qui demanderait un vrai bilan, au-delà d’ailleurs du nucléaire qui est loin d’être le cœur du bilan de Jospin). Encore un procès d’intention.
- Il lui est reproché d’avoir approuver le Grenelle de l’environnement » et donc de ne pas être assez vigilante contre les pesticides et les OGM. Encore quelque chose (le Grenelle) qui demande un bilan nuancé, et un procès d’intention sur l’absence de vigilance de Voynet.
- Enfin, il lui est reproché de ne pas avoir « respecté les 55% d’électeurs qui ont voté non au TCE », alors qu’elle a toujours défendu le principe qu’un 2e référendum était le seul moyen démocratique d’effacer (ou non) le résultat du 1er référendum. Sur la question du TCE d’ailleurs, les partisans du oui et du non se répartissent également entre les deux listes du 2e tlour. Ce n’est pas un enjeu à Montreuil.

L’argumentaire contre la liste « Montreuil Vraiment ! » n’est donc de même nature que celui contre la liste Brard. Et il ne me paraît pas très justifié.
Il n’y a pas non plus de désaccord, et depuis longtemps, sur les priorités programmatiques mises en avant dans la déclaration d’Ensemble.
Je pense que les électeurs perçoivent ces convergences, et j'ai bon espoir que les reports de voix ressembleront à ceux de 2001 (cette année, les trois listes d'extrême gauche ont fait un peu moins de 10%)

Où se situent donc réellement les divergences ?
Pour moi, il est dans la dernière phrase de la déclaration, l’appel à construire une « nouvelle force anticapitaliste » (pas un parti ?). Pour moi, avec leurs limites et leurs insuffisances, les Verts font partie des forces anticapitalistes. Mais ils acceptent de participer à la gestion avec la gauche, des communes au gouvernement. Ce qui ne semblent guère être le cas du nouveau parti proposé par Besancenot.
Je ne pense pas qu’on puisse « instrumentaliser » une élection municipale pour construire un nouveau parti politique, quelqu’il soit. Je me souviens de l’élection présidentielle de 1969, où la Ligue a eu pour slogan « transformer les électeurs de Krivine en militants de la Ligue ». Plantage garanti, et complet. J'y étais...
C’est, selon moi, de la myopie politique. Une contribution d’Ensemble au changement à Montreuil, en soutenant la liste « Montreuil Vraiment ! », l’aurait mise en meilleure posture pour bénéficier de l’élan démocratique et citoyen sur la ville qui ne manquera pas de se développer avec la fin du verrou brardiste.

Voici ci-dessous la déclaration de la liste Ensemble contre les régressions sociales et pour les solidarités, soutenue par la LCR concernant le positionnement au second tour.

Nous voulons remercier chaleureusement les 1694 électeurs qui ont soutenu notre liste en dépit du boycott des médias. Pas une ligne dans les médias ni une image à la télé pour parler d'autre chose que du duo Brard-Voynet, rien sur notre meeting avec OB. Il a pourtant rassemblé plus de mille personnes dont un grand nombre de montreuillois. C'était le plus gros meeting et sans doute un événement politique important de la campagne dans notre ville.
Les résultats du premier tour sont un désaveu de la politique antisociale de Sarkozy. C'est un préavis de mobilisation que les électeurs ont envoyé et c'est un formidable espoir pour les luttes de demain.
Nous continuerons à défendre notre programme dans les luttes et dans les urnes.
Au niveau national, nous nous battons pour l'augmentation de tous les revenus de 300 euros par mois, pas de salaire inférieur à 1 500 euros net ; la suppression immédiate des franchises médicales ; l'interdiction des licenciements, dans les entreprises qui font des bénéfices, le contrôle de la comptabilité par les salariés ; l'égalité entre les hommes et les femmes ; la régularisation de tous les sans-papiers et le droit de vote des résidents à toutes les élections.
Au niveau local, nous voulons des vrais services publics pour le logement, les cantines, l'eau, la collecte et le retraitement des déchets, la petite enfance. Il faut aussi des structures d'accueil médicalisées publiques pour les plus anciens. Nous voulons un urbanisme qui réponde aux besoins de la population, dépolluer et réhabiliter les murs à pêche.%% Avec 6,3%, le système électoral ne nous permet pas d'être présent au second tour. La seule possibilité de porter les aspirations de nos électeurs serait de figurer sur une autre liste. Nous ne sommes pas opposés par principe à nous confronter aux institutions, mais les deux candidats de la politique spectacle ne nous ont pas convaincu.

Jean-Pierre Brard a privatisé les cantines et le ramassage des ordures ménagères ; les offices de logement avec la fusion-privatisation qui aligne par le bas les conditions de travail des salariés et les services aux locataires ; l'eau avec la gestion confiée aux requins du groupe Véolia qui réalisent 30% de marge ; une urbanisation guidée par les rendements financiers et le prestige ; la pollution des murs à pêche par des entreprises qui manipulent des matériaux polluants et le passage de dizaines de camions chaque jour. Les nouvelles promesses de Jean-Pierre Brard ne se réaliseront pas plus maintenant que depuis vingt cinq ans.

Dominique Voynet s'oppose à Brard seulement pour prendre sa place, sans lui opposer d'alternative à gauche. Son bilan est celui du renoncement. Oui, nous aurions aimé que Dominique Voynet soit vraiment contre le nucléaire plutôt que d'accepter un strapontin ministériel avec Jospin. Qu'elle soit vraiment vigilante contre les OGM et les pesticides plutôt que d'approuver un « Grenelle de l'environnement » qui n'a pas empêché Sarkozy d'autoriser la recherche sur les OGM en plein champ et un nouveau pesticide toxique pour les abeilles. Nous aurions aimé qu'elle respecte les 55% d'électeurs qui ont voté non au Traité constitutionnel européen.

Les idées portées par notre programme n'ont pas trouvé place, même en partie, sur les deux listes restantes. En conséquence, nous ne fusionnerons avec aucune d'elle.
Le score que nous réalisons ce soir est un formidable espoir pour nos idées et pour notre projet de constitution d'une nouvelle force politique. Nous invitons toutes celles et tous ceux qui veulent se battre contre la régression sociale et pour les solidarités à se retrouver dans les mobilisations. Nous vous invitons sans attendre à construire avec nous une nouvelle force anticapitaliste.