Sortant peu après 20h hier soir de la projection du film de Pablo Larrain, j’avais remarqué quelques dizaines de personnes stationnant sur le parvis du cinéma, avec la présence de Stéphane Goudet et de responsables connus (sur la ville) de l’association Renc’art au Méliès et du Comité des Citoyens (le micro-parti local de Brard).
Il est apparu par la suite qu’un « collectif indépendant de spectateurs du Méliès » avait invité ses partisans à venir, munis de sandwichs et de duvets, assister à l’une des trois séances de la soirée de samedi au cinéma. Un moment bien choisi, c’est évidemment la période de la semaine où il y a le plus grand nombre de spectateurs – lesquels reprennent progressivement depuis une semaine le chemin des salles.
Si l’on en croit le site internet de ce collectif, 74 personnes sont restées après les séances, et ont été évacuées par 40 policiers à minuit, à la demande de la maire de Montreuil, dont c’est la fonction de faire respecter l’intégrité des bâtiments publics. Ce « collectif indépendant » apparaît comme le « bras armé », ou le « faux-nez » des amis de l’ancien député-maire : l’utilisation de sigles créés pour l’occasion est une « tradition » dans la culture politique d’une certaine gauche stalinienne. Cela permet de mener des actions un peu « limites » comme l’occupation de samedi soir. Car évidemment, la majorité des spectateurs n’avait pas grand’ chose à voir avec cette occupation, pas plus que le personnel du cinéma municipal.

Au nom de la défense de Goudet, l’action du collectif semble glisser de plus en plus vers une opération électorale de l’ancien député-maire en vue des prochaines élections municipales dans un an. Mieux vaudrait un champ de ruines qu’un nouveau Méliès, avec 6 salles à la fin de l’année, qui risquerait d’être porté au crédit de la municipalité actuelle. On peut se demander si, dans l’optique du tandem Goudet-Brard, le Méliès reste un cinéma avant tout pour les spectateurs, ou est devenu en même temps un « objet politique », construit à des fins électorales. Ce ne serait pas la première fois.

Cette « occupation » a donné lieu, sur le Club de Mediapart à un billet vengeur d’un nommé Luc Colpart, reprenant en quelques lignes (presque) tous les mensonges des amis de ce tandem : selon ce billet, il paraît que
- l’équipe du Méliès a été licenciée (seul son directeur l’a été),
- pour des accusations « farfelues » de détournement de fonds (on peut discuter des montants de l’argent qui a été soustrait à la comptabilité publique, et l’enquête judiciaire en déterminera les destinations – mais plus grand monde ne conteste les irrégularités : certains considèrent que Goudet n’est qu’un lampiste et qu’il faut rechercher les responsabilités plus haut dans la hiérarchie administrative et parmi les élus, anciens et nouveaux – ou encore que ces pratiques, pour abusives qu’elles soient, sont la norme dans tous les cinémas municipaux
- Goudet se serait vu reprocher un non respect de l’obligation de réserve pour des critiques « subliminales » ( ? ) (la lettre de licenciement n’a évidemment rien à voir avec cela). L'obligation de réserve n'a jamais été de "fermer sa gueule" (sinon il y a longtemps qu'une procédure de licenciement aurait été engagée), mais cela ne donne pas le droit de "cracher dans la soupe".
- Et avoir demandé à la police de faire évacuer le cinéma serait faire preuve de « brutalité » de la part de la maire envers le personnel (ce sont des militants du collectif qui occupaient)…
En bref, et en quelques lignes d’un billet, tous les éléments de langage d’un récit fictionnel sur la crise du Méliès.