Le fruit du travail de l'ancienne municipalité pour le projet du nouveau Méliès est ici. Il faut se souvenir que ce travail s'est fait sous le feu de Stéphane Goudet et de ses amis

Les écologistes font-ils si peur ?

Nouvellement élu, le maire a derrière lui une majorité plurielle, qu’il estime si fragile pour déjà la mettre autant en péril ?

En réembauchant Stéphane Goudet à quelques jours du passage de la gestion du personnel du Méliès par l’agglomération Est Ensemble (qui ne semble vraiment pas pressée depuis cette annonce d'honorer le calendrier prévu), Patrice Bessac malgré sa volonté d’apaisement rouvre une profonde blessure dans le paysage culturel montreuillois.

Ce nouveau maire qui cherche ardemment à récupérer les voix de son ex-mentor Jean-Pierre Brard, serait-il incapable d’imaginer que Montreuil aurait tout à gagner à être gouvernée par une union de la gauche ? Réembaucher Stéphane Goudet, comme d’ailleurs réorienter d’une main de fer le journal municipal dans la voie alarmiste, en présentant le bon maire comme un deus ex-machina ne sont sûrement pas des marques de respect à donner aux élus écologistes, alliés à la majorité.

Revenons sur l’affaire Méliès. Oui Patrice Bessac soutenait l’ancienne équipe dans le conflit avec la majorité précédente. L’intelligence de bon sens aurait du conduire la majorité sortante à laisser l’agglomération (passage prévu du personnel au 1er juin) gérer ses éventuelles revendications.

Hélas, je sais combien il est difficile de résister aux dizaines de SMS de la personnalité controversée de l’ancien directeur et il est essentiel de donner des gages à l’électorat brardiste.  Le piège était grossier mais il a marché : la mise sous pression, procédé bien peu compatible avec la démocratie à mon sens , a eu comme résultat l’embauche de façon discrétionnaire de Stéphane Goudet à un poste de direction bien qu’une équipe soit déjà en place et alors que les résultats des procédures tombent : cela ne peut que choquer le peuple de gauche.

Certains ont longtemps joué sur le postulat qu’une mauvaise gestion n’est paraît-il pas condamnable  dans la culture mais que pense le peuple de Montreuil bien loin des microcosmes politiques ?

Est-il normal que nos impôts fassent les frais des jeux politiques  par un doublement de l’équipe? : oui, pour embaucher dans la médiation, l’accompagnement du jeune public et des publics éloignés ; non, pour un star-system !

L’idée de faire revivre un conseil du cinéma réunissant différents acteurs locaux en interaction avec l’équipe était honorable mais le convoquer en catimini, conseil où les invités ont déjà fait allégeance au retour de l’ancienne équipe, c’est pas joli, joli….

Cette précipitation n’est pas sans poser questions :
Peut-on nier les compétences des agents déjà en place ? Un essai de codirection avait déjà échoué, comment peut-on imaginer que cela va s’améliorer ? Embaucher à titre accessoire, est-ce cela l’ambition du nouveau cinéma ?
L’encouragement à  cumuler  2 emplois, est-ce une posture de gauche assumée par le nouveau maire ?  L’électorat s’éloigne de ses représentants, nous ne pouvons que le constater : l’immense majorité silencieuse est-elle respectée lors d’une telle prise de décision aussi politique ? Fi de l’aspiration au calme, à un service public loin des manipulations et dédié au respect des spectateurs qui n’ont d’ailleurs  nulle envie d’être pris à partie !
Et pourtant la fonction de maire élu avec aussi peu de voix exprimées au premier tour n’est-elle pas d’œuvrer pour l’ensemble de la population ?    Et puis ………..ce qui me tient à cœur : le « milieu » du cinéma est-il réduit à 3 ou 4 noms de réalisateurs sans cesse pris à témoin et constamment cités dans les médias?  N’existe-t-il pas dans cette ville de multiples et belles personnalités qui font du cinéma tous les jours, qui à défaut de vouloir participer à des assignations stériles œuvrent à nourrir notre Méliès ?

Des techniciens, comédiens, critiques, réalisateurs ont souvent des points de vue personnels sur « la question du Méliès » mais je salue finalement leur sagesse de ne pas perdre leur énergie à démontrer que quand on est petit, un peu amateur, issu ou travaillant dans les  quartiers, on a aussi sa valeur et qu’on a pas toujours été très bien considéré sous le règne d’un maître de conférences passionné mais bien peu attaché au terreau local.

Un projet d’une trentaine de pages issu des différentes concertations et de l’équipe entière du cinéma avait commencé à être partagé dans un contexte pré-municipal exécrable : je le regrette ; et pourtant il est beau ce projet, à la hauteur de cette ville magnifique constamment tournée vers la solidarité, l’ouverture aux autres et à notre temps.
En fait, nul mystère, tout le monde partage la même ambition : l’exigence au service de tous. Reste à ne pas avoir peur d’associer les quartiers, de prendre en compte le territoire au-delà de la mairie de Montreuil et pour cela, malgré ses qualités, l’ancien directeur artistique n’était pas bon, préférant les paillettes et espérant se faire payer des taxis pour rentrer chez lui.
D’autre part, si il est important de mieux exposer les films, de proposer une certaine durée à des films difficiles mais que l’équipe a à cœur de défendre, il est tout aussi nécessaire d’ouvrir la programmation aux nouveaux publics. Ce projet écrit a réussi à concilier ces deux ambitions et j’en remercie l’équipe qui a travaillé dans des conditions très difficiles.
Que de souffrances à venir…encore…Stéphane Goudet gère son retour avec un sentiment de toute puissance exécrable.
Retrouvera-t-on un cinéma familial, serein,  où « aller au cinéma » sera une expérience collective capable de nous bouleverser, nous émouvoir,  nous nourrir ?
Je comprends que mes amis élus écologistes ne tombent pas dans le piège de faire de ces nouveaux bouleversements un cheval de bataille mais ne pas prendre en compte les profondes divisions de cette ville  n’honore simplement pas cette nouvelle équipe, qui n’a manifestement pas compris ce à quoi aspirent les citoyens du XXIème siècle !

Et en ce début de juin, le tribunal administratif a enfin rendu son verdict : M Goudet est débouté de son recours contre la mairie pour son licenciement: sanction justifiée !

Stéphanie Perrier ancienne conseillère municipale déléguée au cinéma de la majorité précédente