C'est en connaissance de la décision du TA de Montreuil de rejeter les recours de l'ex-directeur contre son licenciement que le maire avait arbitré en faveur de la réintégration entre les opinions divergentes au sein de la majorité. Mais c'était aussi avant la diffusion des attendus (voir ces attendus dans mon billet du 13/6, court-circuit n°2)
Il eut été mieux avisé d'attendre les détails du jugement du TA, qui sont accablants pour Stéphane Goudet. Une telle réintégration est indéfendable devant les personnels de la ville. Selon que vous êtes un membre « lambda » du personnel, ou un « haut salaire » soutenu par les professionnels du cinéma, vous n'êtes pas tributaire du même régime de sanction en cas de faute. Un directeur de cinéma peut tout se permettre, il a été blanchi à l'avance par ses amis politiques.

Après les attendus du TA, les associations qui le soutenaient en sont restées muettes. Les sites de Renc'art au Méliès et du collectif indépendant des spectateurs du Méliès avaient reproduit l'article du journal municipal, un bel enfumage d'ailleurs, du 3 juin. Depuis, le temps s'est arrêté. Rien de rien, même pas l'article du Parisien du 18 juin, encore moins le jugement. Ces associations soutiennent-elles le Méliès, ou seulement Stéphane Goudet ? Ont-elles du mal à admettre qu'elles se sont fait mener en bateau par cette personne ?
Toute la campagne de Jean-Pierre Brard et de Stéphane Goudet était basée sur le thème « Ce licenciement est un règlement de compte politique ». Un argument démonté dans les attendus du TA. Ses soutiens en pensent quoi ? Le journal municipal du 17 juin et l'adjointe à la culture sont également silencieux sur ce jugement...

Selon l'article du Parisien le 18 juin, ici, Stéphane Goudet fait encore dans le déni. « Le match est sans enjeu » puisqu'il est déjà réintégré, une réaction pour le moins désinvolte quand au service public. Il accuse le TA d'avoir insuffisamment enquêté, et affirme qu'au final, Dominique Voynet (la ville de Montreuil) aurait perdu devant le TA puisqu'elle n'a pas obtenu de dommages et intérêts... Après sa réintégration, il avait parlé de son « honneur retrouvé ». Il l'a vite reperdu.

Sa réintégration, dans ces conditions, n'a pas manqué de provoquer un conflit entre la ville et la communauté d'agglomération Est-Ensemble. Les cinémas municipaux (dont le Méliès) ont été transférés depuis longtemps à la CAEE, et leurs personnels, sauf celui du Méliès, dont le transfert a été repoussé de mois en mois sur pression de la CGT pour réaliser d'abord la réintégration.
Sauf que maintenant, compte tenu du jugement du TA et de l'ambiance que le directeur réintégré fait régner dans le cinéma (voir le commentaire de Bénédicte le 22 juin sur le billet du 11 mai), la CAEE n'est plus vraiment d'accord pour récupérer Stéphane Goudet à ce poste. Le conflit est le mode de management de l'ex-directeur. Il lui a été proposé un poste de chargé de mission pour l'ensemble des cinémas de la CAEE, sans responsabilité directe sur l'équipe et la programmation du Méliès. Il avait refusé, n lui a reproposé, il refuse toujours.

Une situation bloquée ? Le maire de Montreuil annonce une déclaration sur l'affaire Goudet lors du conseil municipal du 26 juin. « Apaisement », « intelligence collective » sont des formules rituellement invoquées. Saura-t-il en prendre le chemin ?