On trouvera ici l'intégralité de cette chronique. En voici quelques extraits commentés.

La pollution des plages

« Vacances à Biarritz : l’océan est un potage, plein de sacs plastique, de débris de bois, de couches pour bébé… On trouve de tout le long de cette côte basque où je suis née. Et aussi d’énormes quantités de «médias filtrants» : ces petits ronds de plastique crénelé qui sont utilisés par les stations d’épuration pour fixer les bactéries. Ils se déversent dans la mer dès que les stations débordent. Et ici elles débordent souvent, il suffit d’un orage et de houle. Les enfants attrapent des otites, les surfeurs des gastro-entérites. Pavillon violet : baignade interdite, présence d’Escherichia coli. C’est-à-dire de matières fécales. De merde, donc. C’est super chic. Il y a aussi des staphylocoques dorés ».
Et aussi : « A la Cité de l’océan, on trouve aussi, c’est amusant, un simulateur de pollution bactérienne. Je mélange pluie et houle, soit le commun de la météo locale. La carte du rivage devient rouge. La machine me répond que «les capacités de stockage du réseau d’assainissement sont insuffisantes». C’est répété avec constance, comme une donnée de la nature. »
C'est une situation qui touche pratiquement toutes les plages du littoral aquitain. Dès qu'il y a des orages, la qualité de l'eau s'en ressent. Ainsi, les huîtres du lac d'Hossegor, à 30 km au nord de Biarrtiz sont régulièrement interdites de consommation

Les priorités d'investissements en matière de tourisme, et aussi les PPP

« Dans ce pays très touristique où la population décuple l’été, ne serait-il pas évident - logique, rationnel - d’investir un grand coup dans les égouts ? L’ex-maire de Biarritz Didier Borotra a opté pour un musée, la Cité du surf et de l’océan, inaugurée en 2011. Coût : 41 millions d’euros, dont 17 de subventions publiques, et trente ans de loyer dus par la ville au groupe Vinci. Il est financé par un très décrié partenariat public-privé. Le loyer est de plus d’un million d’euros par an. La ville a aussi pris à sa charge le contrat de maintenance et assume les risques. »
La politique suivie par Borotra à Biarritz fait penser à celle suivie par Henri Emmanuelli, le président-parrain du Département des Landes : priorité aux grands projets, pas vraiment débattus publiquement, mais « visibles » au détriment des investissements qui préserveraient la qualité de la vie et l'environnement. La question des égouts est plus que sensible dans le sud des Landes, particulièrement dans la région d'Hossegor. Les Amis de la Terre des Landes ont d'ailleurs, en mai dernier, déposé un recours gracieux en annulation du Schéma de Cohérence territoriale (SCOT) de la communauté de communes MACS (Maremne Adour Côte-Sud), dont dépend Hossegor. Parmi les trois motifs du recours, l'un concerne le dimensionnement des égouts près du lac d'Hossegor.

Quant aux PPP (Partenariat Public Privé), comme celui de la Cité de l'océan, dont on se rend compte des effets catastrophiques, mis en place depuis 2004, ils ont constitué pour les élus (de tous bords) une solution de facilité pour réaliser rapidement des grands et petits équipements, dont la note, salée, sera payée plus tard par les contribuables. Ils génèrent des profits considérables pour les trusts du bâtiment notamment. Une rente de situation invraisemblable pour Vinci et quelques autres. Dans l'optique de la coupe d'Europe de football en 2016, de nombreux « grands stades » sont en construction sous le régime des PPP, et on commence à en mesurer les dégâts.
Dans le 93, c'est aussi avec des PPP que l'ex-président et toujours parrain du département , Claude Bartolone, a « financé » la construction de collèges, sous le prétexte de l'urgence des besoins scolaires. Mais le recours aux PPP est souvent le masque de la faible priorité accordée à ce type d'investissements. C'est sous le régime d'un PPP que le nouveau collège qui va ouvrir à Montreuil dans le secteur des Murs-à-Pêches à été construit. Et l'opposition aux PPP a été bien faible à cette occasion...

Et le surf ?

« Bizarrement, le mot surf a disparu dès les premiers mois d’exploitation. Les panneaux et publicités n’ont plus indiqué que Cité de l’océan. Ça semblait pourtant une bonne idée de consacrer ici un musée au surf, d’expliquer les types de vagues, de vents, la formation de la houle… d’avoir un lieu pour exposer les planches historiques et rappeler l’odyssée des premiers tontons surfeurs. Le surf est arrivé en France par Biarritz, dans les années 50. La culture du surf est désormais mondiale. Elle génère - puisqu’il s’agit de chiffres - un important commerce. Pourquoi miser sur une idée vague de l’océan, au lieu d’une idée précise du surf ? »
Du Pays basque sud à l'Aquitaine, la concurrence est rude entre les villes pour afficher les meilleurs spots et les meilleurs installations pour les surfeurs. Henri Emmanuelli a réussi, en 2010, à faire venir à Hossegor le siège de la Fédération française de surf.

Biarritz et Soustons sont candidates pour accueillir une « vague artificielle ». Le concept « Wave Garden » a été inventé par deux ingénieurs du Pays basque (sud), avec un prototype près de Zarautz : 250m de long, des vagues de 1m à 1m50, pour un coût de 3 à 6 millions d'euros (estimation 2013). Le premier projet commercial en Europe va ouvrir l'an prochain... au milieu des montagnes du Pays de Galles, près du Snowdon (dans le Parc National Snowdonia). On parle aussi d'une telle vague artificielle à Nantes. Mais Henri Emmanuelli, toujours lui, promeut une localisation plus originale : de l'autre côté de la dune littorale, à Soustons-plage. Cette vague artificielle pour les surfeurs serait le moteur d’un pôle de loisirs aquatiques, avec de multiples facettes : un « écoquartier » (ils osent le baptiser ainsi) avec plusieurs centaines de logements, construit en détruisant la forêt.
Ce n'est pas la Cité de l'océan de Biarritz, à plus forte raison pas un PPP, mais on reste dans le registre des grands projets inutiles et imposés, pour ne pas dire stupides, et prédateurs de la nature.