Le maire, on pourrait l'oublier, est socialiste, proche d'Henri Emmanuelli et président de l'association des maires des Landes. C'est aussi un grand défenseur de la laïcité. Faut-il que la situation soit grave pour qu'il vienne tenir des discours guerriers dans une église, à la fin de la messe... Il faut dire que dans une interview à TV Landes, il reprend aussi les discours sur "notre civilisation menacée"

A l'origine de cette initiative, Hervé Castets, le curé de la paroisse, par une affichette et un flyer, reproduits ci-après

Il n'y a pas de raison de suspecter la pureté des intentions d'Hervé Castets – la paroisse s'est portée volontaire pour accueillir une famille de réfugiés syriens. Même si,comme moi, on pense que les religions (les trois monothéistes notamment) portent en elles la violence et la guerre, et qu'on reste donc sceptique sur les discours de paix au nom d'une religion.

Mais dans l'affaire de la messe patriotique, ce n'est pas cela qui est en cause : c'est l'instrumentalisation de l'initiative (messe + arbre) par le maire, représentant de l'Etat, avec tous les symboles qui vont avec. Au final, on a l'impression qu'il y a eu tromperie sur la marchandise. L'appel de la paroisse ne faisait pas état du discours du maire, ni de la marseillaise, ni des anciens combattants.

La lecture des deux articles – reproduits ci-après - publiés dans le journal Sud Ouest, le premier pour annoncer l'évènement, et le second pour en faire le compte rendu, permet de se faire une opinion sur la réalité de ce qui s'est passé.

« L'église et l'Etat se sont unis dans un acte fort et fédérateur de paix »

Tout fait sens dans cette initiative, qui rappelle de mauvais souvenirs. Elle sent vraiment la poussière, le temps de la guerre d'Algérie. L'alliance de l'église et des autorités officielles. La présence des drapeaux et des anciens combattants d'Afrique du Nord. Les accents guerriers de la Marseillaise. Le discours du maire avec « des mots durs, tranchants et clairs ; de fermeté ».
Cette initiative fait sens aussi dans le contexte des dernières semaines, en reprenant les discours de valls et de Hollande, « nous sommes en guerre », en se situant dans l'air du temps avec la distinction de « nous » et « eux ». Pas besoin de nommer les « eux » tout le monde comprend les euphémismes, qui étaient traditionnels au FN et maintenant largement repris par les autorités publiques. Et d'autant plus qu'on s'est bien gardé d'inviter des représentants d'autres religions, ce qui aurait été un moyen d'être vraiment fédérateur et non excluant.

Elle fait enfin, et surtout, sens, avec ces mots du maire, qui s'adresse explicitement aux : « hommes et femmes de chez nous ».
« On est chez nous » est un slogan du FN et des manifestations racistes. A l'inverse, c'est aussi le slogan que Zebda faisait scander au public lors de leur concert aux Arènes de Pontonx-sur-l'Adour il y a moins d'un an, pour défendre notre société multiculturelle. Mais quel est le sens du « chez nous » proclamé dans une église catholique, dans ce contexte patriotique ? Le « chez nous » du maire semble bien loin de celui de Zebda. Je ne suis pas « chez moi » dans ce « chez nous ».