Montreuil dans la presse déchaînée

L’article du Monde mérite un retour. Il est d’autant plus intéressant qu’il a sans doute été écrit en décembre. On peut relire cet article ici

La journaliste du Monde, Sylvia Zappi, a-t-elle été bluffée par Patrice Bessac ? Ou est-ce surtout de l’ironie ? Dans une vie ancienne, elle fut membre de la LCR, puis des Verts. On peut donc la créditer d’une bonne compréhension des dynamiques sous-jacentes à ce qu’on lui raconte.

Côté ironie, il y a le titre (« Montreuil quasi miraculé de la division et des tensions »), mai elle n’est pas forcément responsable du titre. Il y a l’entame sur une histoire de sabre malien. Il y a l’idée que le maire est dans « une idylle » avec les habitants, contredite un peu plus par la mention de l’existence des « nombreux déçus ».

Côté « bluffée par le maire », il y a quelques idées fausses sur le bilan du maire : la piscine n’est pas une réalisation de Patrice Bessac, mais de Dominique Voynet, elle a été achevée faute d’avoir pu revenir en arrière comme le maire en avait l’intention ; et l’équipe du Méliès n’avait jamais été évincée par Dominique Voynet, comme le prétend l’article – seul de l’équipe, Stéphane Goudet, le directeur, avait été licencié, ce que le tribunal administratif avait jugé comme justifié en rejetant le recours de Goudet contre son licenciement.

Mais près de deux mois après l'écriture, on peut créditer Silvia Zappi d’avoir bien saisi les dynamiques présentes : Patrice Bessac a récupéré les logos de Génération.s, de la FI et du PS, même si cela s’est fait dans la sueur et le sang, et que nombre de militants ne suivent pas. Et selon lui, « Avec "Montreuil est une chance", toute la gauche et certains écologistes ont fait le choix de l’unité ». Les mots « certains écologistes » sont un peu cruels pour Urgence Ecologie, qui participe à cette liste, et annoncent la future alliance de second tour avec d’autres écologistes... s’il ne passe pas au 1er tour...

EELV n’a pas voulu rassembler et semble penser qu’afficher le logo suffira. Comme Patrice Bessac, Mireille Alphonse a collectionné quelques logos, qui sont, dans son cas, plutôt vides de militants locaux et comiques, sauf le Parti animaliste : l’alliance écologiste indépendante, le PRG (ex-brardistes), Place publique. C’est la politique de l’autruche. Sylvia Zappi a bien perçu que c’était « sans illusion » et que l’objectif était, par une alliance de second tour d’assurer une place de première adjointe à sa tête de liste. Même si, officiellement, il n’y a pas de position d’EELV sur le 2e tour.

« Reste les déçus de la mandature, et ils sont nombreux ». Cette phrase introduit le paragraphe consacré au collectif (pas encore une liste en décembre) Movico2020, où le trio animateur (Chokri Younis, Pierre Serne et Florence Fréry) est bien identifié par leurs parcours politiques. « Montreuil mérite mieux », pour lancer une dynamique alternative, et non une simple alternance. La droite est absente, et Jean-Pierre Brard évacué (« il rôde toujours, sans grand effet »).

L’article de Libération, ici, est beaucoup moins analytique. Comme pour les autres villes de la série sur des villes du 93, le choix éditorial est de faire un focus « positif » sur ceux et celles qui apparaissent comme les principaux concurrents du maire sortant, ici, Mireille Alphonse avec la liste EELV. Il reconnaît que Patrice Bessac marche dans le costume de favori, et qu’il surveille Jean-Pierre Brard, effectivement toujours à grenouiller pour se cacher derrière une liste « citoyenne ».

Le dernier paragraphe de l’article mérite d’être cité en entier, tant il est choquant pour ceux qui ont soutenu Dominique Voynet et/ou ont participé à son équipe.

Elle rêve d’une ville en vert. On oublierait presque que c’était le cas au début du siècle, lorsque Dominique Voynet dirigeait Montreuil. Un échec. Le mandat de l’ancienne candidate à la présidentielle et ministre de l’Environnement a laissé un étrange goût amer. Les écolos montreuillois prennent un peu sa défense. Ils soulignent tous que le bilan de Voynet n’était "pas mauvais" Mais ils aiment préciser que "Mireille est beaucoup plus sympa que Dominique" ».


Certes, on n’en attendait pas moins de l’ancienne candidate du Modem de 2008 (Mireille Alphonse), qui met en avant dans son équipe un écolo élu en 2008 avec Jean-Pierre Brard contre Dominique Voynet (Bruno Rebelle) et qui a fait appel au PRG, une excroissance bradiste à Montreuil pour augmenter sa collection de logos. Que sont devenus les écolos montreuillois de Mireille Alphonse pour pour ne prendre qu’un peu la défense de la mandature de Dominique Voynet. Il n’est pas besoin de mythifier le bilan de la mandature 2008-2014 pour manifester un peu plus de solidarité. Il y a un manque de loyauté, mais surtout une appréciation affligeante de bêtise apolitique "Mireille est beaucoup plus sympa que Dominique" pour résumer le bilan de la mandature. Il y en a qui sont tombés bien bas.

Patrick Petitjean 16.02.2020