Principalement depuis le conflit avec UGC et MK2 en 2007, le Méliès n'est plus seulement un cinéma, il a été transformé en « objet politique » par l'ex-maire, voire en « objet privé » par l'ex-directeur. Redonner au Méliès sa neutralité de service public et le rendre à ses spectateurs, ce devrait être un objectif partagé en vue de l'ouverture du nouveau Méliès à la fin de l'année.
On n'en prend pas le chemin avec l''instrumentalisation électorale dont fait l'objet actuellement le transfert des personnels du cinéma à l'agglomération Est-Ensemble.
Il est abusivement question de « réintégration de l'équipe ». Faut-il rappeler que le cinéma emploie 14 personnes et que seul Stéphane Goudet a été licencié de son poste à la ville, tout en gardant bien sûr son poste à l'université.

C'est dans un article « Poujadisme de gauche » du mensuel Regards, en septembre dernier, que l'on trouve cette phrase de Stéphane Goudet au milieu d'un passage consacré à dézinguer la directrice qui lui a succédé, Nathalie Hocquard, à coup de citations sorties de leur contexte : « Evidemment, chez certains spectateurs du Méliès qui se souviennent de l’hostilité des écologistes au statut de cinéma public, ce choix a conforté l’hypothèse d’un projet, réel ou fantasmé, de privatisation du cinéma de Montreuil ». Rien de plus faux évidemment que cette « hostilité » supposée, une affirmation destinée à donner crédit à une future privatisation du Méliès, malgré l'hypocrite « réel ou fantasmé ».

Le Méliès était, est, et restera, un service public local

Le Méliès est un cinéma public depuis son rachat par la ville en 1987, que sa gestion ait été déléguée à une association ou se fasse en régie directe. Jamais les écologistes n'ont contesté que le Méliès fasse partie du service public. En 2001, l'ex-maire a décidé de « remunicipaliser » le Méliès, c'est-à-dire de passer d'une gestion associative à une gestion en régie directe. Officiellement, pour des raisons juridiques, mais en réalité pour des raisons politiques : l'hostilité de l'association aux multiplexes à Montreuil, et la programmation d'une semaine de films palestiniens.
Dans le débat, pourtant passionné, à l'automne 2001, nul n'a mis en cause le caractère public du Méliès. Écologistes, socialistes, mais aussi une partie des élus de la « société civile » ont expliqé ensemble qu'il était possible d'avoir une solution juridique transitoire en attendant la loi Vaillant, prévue début 2002, qui règlerait la question, et qu'une gestion associative était garante d'une plus grande indépendance du cinéma. De justesse, la « remunicipalisation » a été votée par le conseil municipal du 20 décembre 2001.
On peut se référer à mon intervention lors de ce CM (à télécharger ici pour la version complète) : « Pour nous, le choix d'une gestion associative est un choix essentiel, le plus adapté au secteur culturel. C'est le choix d'un meilleur service public, plus libre. » Ou encore, Claire Pessin-Garric, adjointe à la culture, défendant la municipalisation : « Il faut d'ailleurs rappeler que le Méliès est un cinéma municipal, et que le champ d'intervention de l'AMC est clairement défini par la convention signée avec la ville qui énumère les domaines où l'association doit développer son action ». Voir aussi un article du Poivron ici.
Dans un entretien avec Objectif cinema en 2002 , Stéphane Goudet lui-même, recruté comme directeur en 2002, ne situe pas le débat sur le terrain privatisation / service public : « Pour moi, il est difficile de se faire une idée sur la légitimité de la municipalisation »

Les propositions des écologistes en 2007-2008

Quand le transfert / extension du Méliès a été décidé en 2005, il est vrai que les écologistes l'ont accueilli avec méfiance. Il venait à la suit d'une étude commerciale, et non avec un projet culturel : pour vivre, le nouveau centre commercial avait besoin d'un multiplexes, et un opérateur commercial a d'abord été recherché, sans succès. Seulement alors (et Stéphane Goudet a joué un rôle positif en ce sens), le transfert / extension a été décidé.
Les écologistes partageaient l'idée qu'il y avait place à Montreuil pour des salles supplémentaires, compte tenu de la demande. Et qu'il fallait continuer dans la voie d'un cinéma de qualité et de proximité, dans l'orientation courante du Méliès. Mais plutôt que le transfert, nous étions favorables à l'époque à un « Méliès II », c'est-à-dire un nouveau cinéma municipal dans le haut Montreuil. Il s'agissait plus d'une « idée » que d'un « projet » construit, et nous nous sommes rapidement rendu compte que ce n'était pas faisable, notamment pour des raisons de coûts, avec le numérique.
La municipalité s'est donc très rapidement rallié au transfert / extension, d’autant plus que le déménagement était déjà trop sur les rails pour prendre un aiguillage. Nous ne sommes jamais sortis de la perspective « service public municipal ».
C’est quand même assez stupéfiant de voir l'ex-maire accuser Dominique Voynet de vouloir brader le Méliès au privé alors que son premier acte a été de le sortir du conflit juridique qui compromettait son déménagement, j'y reviendrai dans un autre post de la série.
Et tous les actes qui ont suivi vont dans le même sens : faire un projet architectural viable, qui n’existait pas en 2008 – investir des millions pour cette construction. Les amis de l’ancien maire et Stéphane Goudet prennent-ils Dominique Voynet et son équipe pour des débiles qui investiraient des millions (avec l’endettement qui va avec) pour vendre un équipement au privé ?