J'avais déjà parlé du Nouveau Centenaire (alors encore en chantier) dans un billet de ce blog en juillet dernier, à l'occasion d'une visite à Mundo Montreuil, un immeuble rénové sur l'ancienne friche Audax où se trouve aussi le nouveau foyer, devenu le siège de plusieurs associations environnementalistes et solidaires. Nouveau Centenaire et Mundo Montreuil sont complémentaires sur ce site. Le billet peut se lire ici.

On trouvera une présentation synthétique de la réalisation de ce projet par la revue Altermondes, lisible ici.

Adjoint à l'urbanisme de Dominique Voynet, et alors président de l'OPHM, Daniel Mosmant a été au cœur du projet, et a publié sur le site « le vert solitaire » une présentation historique très complète, notamment des obstacles qu'il a fallu vaincre. On peut le lire ici.

Pour mémoire, l'originalité du Nouveau Centenaire est de ne pas être une résidence sociale composée de « studettes » comme le fait systématiquement les pouvoirs publics, mais de comporter en majorité des « unités de vie », à savoir des grands appartements en colocation, ainsi qu'une cuisine collective, des salles de réunions, des bureaux : tout ce qui permet de préserver la vie collective d'une communauté. Qui plus est, 3 boutiques et un restaurant tourné vers le quartier, sont prévus en rez-de-chaussée, activités traditionnelles dans les foyers « à l'ancienne ».
La deuxième originalité, aussi essentielle, est la dimension « participative » du nouveau foyer, tant pour la participation des futurs locataires à l'élaboration du projet (quels types de logements) que pour la cogestion du lieu par l'association des résidants.

Il y a peu de choses à ajouter à l'article du Vert solitaire

Quelques points quand même.

Rappeler qu'en 1996, lors de la destruction du foyer « Nouvelle France », seuls les 3 élus Verts, alors dans la majorité de Jean-Pierre Brard, 1 élu PS et 1 élue de la société civile, avaient soutenu les résidants. J'y avais d'ailleurs perdu mon poste de maire adjoint quelques mois plus tard, les Verts basculant dans l'opposition. Cette prise de position des Verts (faire passer les principes avant les postes) avait durablement positionné les Verts comme l'opposition démocratique au système brardiste. Le PC et la quasi totalité du PS avaient appuyé Jean-Pierre Brard et son bulldozer. Dans la majorité municipale bisounours actuelle, on peut quand même rappeler qu'il y a encore au moins un élu de cette époque, qui avait soutenu Jean-Pierre Brard en 1996...

Mettre des noms (non mentionnés dans l'article du Vert solitaire) sur celles et ceux qui ont permis la réalisation du Nouveau Centenaire, une promesse de l'équipe élue en 2008, et une dette des Verts vis-à-vis des résidants. A savoir, pour ne mentionner que les politiques, Dominique Voynet (la maire), Claude Reznik (adjoint aux populations migrantes – fonction qu'il occupe encore auprès de Patrice Bessac) et Daniel Mosmant, comme locaux de l'histoire ; Cécile Duflot, alors ministre du logement, dont le rôle fut d'autant plus déterminant que le principal obstacle état la conception qu'a l'Etat des résidences sociales pour travailleurs migrants (l'article du Vert solitaire l'explique très bien) ; Emma Cosse, comme vice-présidente du Conseil régional en charge du logement.

Ne pas être trop amnésique ou bisounours sur l'opposition rencontrée par ce double projet (Nouveau Centenaire et Mundo Montreuil) au sein du PC et des élus. Le point de conflit était la construction d'un nouveau groupe scolaire avenue de la Résistance, à la place d'un ancien espace public arboré non entretenu, devenue friche et lieu de trafics divers. Des riverains (une école cela fait du bruit...), avec le soutien du PC et relayés par des élus municipaux d'opposition refusaient cette école et avaient multiplié les recours. La solution qu''ils proposaient était de construire le groupe scolaire sur la friche Audax... là où ils savaient pertinemment qu'existait le projet de Nouveau Centenaire. Sans évidemment mettre en avant une opposition frontale contre le foyer lui-même, on est à Montreuil tout de même... Cette proposition fut portée – sans beaucoup d'écho, il faut l'avouer – lors des réunions de concertation. Finalement le groupe scolaire s'est construit à l'emplacement décidé par la municipalité, en paille, baptisé Stéphane Hessel pour l'une école et les Zéphirottes pour l'autre
En 2014, une partie des opposants de la mandature écolo sont devenus élus d'une gauche plurielle à la montreuilloise, voire adjoints. Quel bilan tirent-ils de leur soutien aux riverains qui voulaient mettre une école en lieu et place du futur Nouveau Centenaire ?

Mais qui donc a invité Emma Cosse pour cette inauguration et pourquoi ?

Sur le carton officiel pour l'inauguration son nom n'apparaît pas, pas plus que celui de Dominique Voynet. Voir ici.



Dominique Voynet était présente à l'inauguration, mais pas Cécile Duflot.
Ce n'est que le jeudi 7, la veille donc, qu'a circulé sur les réseaux sociaux un appel aux écologistes pour venir soutenir Emma Cosse et « saluer l’action des écologistes en responsabilité ». . Une partie du groupe des élus écologistes semble porter une appréciation positive sur l'entrée d'Emma Cosse au gouvernement, malgré sa rupture avec EELV. Certains élus étaient proches de Jean-Vinvent Placé, et le sont restés. D'autres se sont ralliés à Emma Cosse quand Placé a quitté EELV, et on découvre à cette occasion qu'ils le sont restés.

Ce qui est en cause dans cette histoire, c'est bien davantage qu'une question de loyauté, de trajectoires personnelles ou de respect d'un collectif militant, c'est la dissolution de l'écologie politique (sociale, populaire,...) dans une écologie gestionnaire et institutionnelle aveugle, au prétexte d'être « en responsabilité », que ce soit dans une municipalité dirigée par le PC, un conseil régional dirigé par le PS ou un gouvernement maintenant plus à droite qu'à gauche. Peu importe que ce soit le PC ou le PS, c'est l'absence d'autonomie réelle qui est en cause. J' y reviendrai sur l'affaire du budget et des luttes du personnel communal de Montreuil.

Nous avons été incapables de tirer un bilan politique de l'échec de notre municipalité écolo (2008-2014) à Montreuil, au-delà de « magnifiques réalisations » (comme si c'était l'enjeu), nous le sommes toujours deux ans après, au point que cette expérience est passée dans l'oubli total en dehors de Montreuil. Sans doute le déplacement vers le gestionnaire et l'institutionnel de nombre d'élus et la disparition d'un projet écologiste font-il partie d'une trajectoire initiée sous la municipalité écolo – même si le bilan gestionnaire de chaque élu dans sa délégation est super...