A l'époque, Le Poivron n°28 (octobre 2000) s'était fait l'écho de l'accueil – avec un magnifique panier de fleurs - que Geneviève Pouplier avait réservé à Dominique Voynet, alors Ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du Territoire, venue lancer le processus de classement des MAP.

En mars 2013, un article du Parisien rendait un hommage bien mérité à Geneviève Pouplier, que je reproduis ci-après.

C'est la dernière des horticultrices (Le Parisien, 5 mars 2013)

Tout le monde l’appelle Geneviève. « Mais c’est Geneviève Rose-Marie », s’empresse de préciser cette belle vieille dame, figure mythique de Montreuil. « Ma mère, c’était Marie-Rose », place-t-elle encore. Un joli prénom, prédestiné pour cette arrière-petite-fille, petite-fille et fille d’horticulteurs-fleuristes, âgée aujourd’hui de 77 ans, dernière survivante d’une longue et célèbre lignée à Montreuil.
Geneviève Pouplier n’a jamais eu d’enfants. Elle a toujours vécu dans le jardin et la maison familiaux, au côté de sa mère disparue en 1998. « On formait un beau couple, toutes les deux », assure-t-elle, les yeux soudain brillants. Ce jour-là, le soleil des Murs-à-Pêches filtre à travers la fenêtre du salon où Geneviève, grandes lunettes mauves et pull vert sapin, est clouée au lit. Biner, bêcher, botteler les dahlias, la vieille dame ne peut plus. Cela la rend « très triste », confie-t-elle en jetant un coup d’œil à ses pieds bandés. Alors elle tourne son regard vers la fenêtre, où on devine son terrain de 3000 m2, aujourd’hui géré par l’association le Sens de l’humus (voir ci-dessous). « C’est beau, les fleurs. Mais le pire, c’est de ne pas pouvoir aller les voir dehors », lâche-t-elle. « Labourer à la fourche, ça use », souffle-t-elle. Geneviève Rose-Marie a pris sa retraite en 2003, « un an après l’euro ».
A son actif, elle a cinquante ans de marché d’Aligre à Paris et « 200 bottes de dahlias vendues chaque semaine ». Levée à 5h30 tous les week-ends depuis son adolescence, Geneviève est partie au marché « d’abord à cheval », avec son grand-père, puis en camionnette, avec son frère. Seule, elle conduisait une vieille deux-chevaux, toujours garée dans son jardin, où elle transportait précautionneusement ses fleurs coupées. Geneviève Rose-Marie n’a jamais vu la mer ni la montagne, n’est jamais partie en vacances. « Quand j’avais du temps, j’allais chercher des outils à la Samaritaine. Mais c’est fini, ça aussi », soupire-t-elle dans son salon, où s’entassent des pots de fleurs séchées.
Après avoir été nommée chevalier du Mérite agricole, Geneviève touche une petite retraite de 700 € par mois. Lorsqu’elle a été hospitalisée, elle lâche fièrement que Jean-Pierre Brard (l’ancien maire) et Dominique Voynet (l’actuelle) lui ont fait livrer des fleurs à la clinique. « C’est que je suis connue, à Montreuil! » Et étaient-elles jolies, ces fleurs? « Je ne sais plus. C’est interdit, les fleurs, à l’hôpital. On les a mises dans la chapelle. »
Rose-Marie a-t-elle une fleur préférée? « Je les aime toutes, les fleurs », sourit-elle avant de citer, pêle-mêle, « les soucis, les soleils, les chrysanthèmes, le jasmin », comme si elle parlait de ses filles. "Prenez les immortelles. Elles sont très jolies. Elles se gardent l’hiver, comme en ce moment. Puis on les laisse sécher et c’est tout." (Bérangère Lepetit)

Elle apparaît aussi quelques minutes dans un reportage de l'INA sur les MAP.

Le jardin Pouplier et l'association « Le Sens de l'Humus »

Au printemps, lors des fêtes annuelles des MAP, on pouvait visiter ses parcelles en fleurs. Depuis 2009, fin septembre, se tenait tous les ans la fête écolo « La voie est libre » sur l'autoroute ex-B86 fermée à la circulation pour l'occasion.Le jardin de Geneviève Pouplier est situé dans l'impasse Saint-Antoine, non loin de l'autoroute sur laquelle bute cette ancienne rue. Cette fête était l'occasion de découvrir le jardin. Cette occasion ne se présentera plus, Patrice Bessac, le maire, ayant décidé de mettre fin en 2016 à une des plus grandes fêtes populaires et écolos de la région parisienne.

Depuis 2009, Geneviève Pouplier ne pouvait plus cultiver ses parcelles. Elle a alors confié à l'association « Le Sens de l'Humus », très impliquée déjà sur les MAP , le soin d'entretenir et de cultiver ses 3000 m2 de terrain, en y développant un projet solidaire. Le terrain est devenu un jardin social et solidaire, un jardin d'insertion. La municipalité de l'époque (Dominique Voynet) a d'emblée activement soutenu ce projet.

Les photos qui suivent sont reprises du site de l'association, site sur lequel on peut trouver plein d'informations sur ce projet, ainsi que sur ses nombreuses autres activités. Avec la participation des nouveaux élus, Le Sens de l'Humus avait lancé en mai 2008 une « guérilla potagère » pour la défense de la biodiversité. L'association est toujours en première ligne tant pour la défense des MAP, la promotion de la permaculture, le compostage public dans les quartiers et la culture de plantes fourragères en ville.

Depuis mars dernier, elle organise tous les mois des journées portes ouvertes sur le jardin Pouplier. Un hommage a été rendue à l'horticultrice disparue lors de l'édition 2016 de la fête des MAP des MAP, mi-mai. Voir ici.

La municipalité et les écologistes, je suppose, ne manqueront pas de lui rendre l'hommage qu'elle mérite.