En ce sens, une liste écologiste ouverte aurait été la bienvenue à Montreuil, mais y a donc deux listes écologistes le 15 mars à Montreuil, ce qui empêchera probablement de contester sérieusement le pouvoir de Bessac.
Si la cause immédiate en est le refus de la majorité locale d’EELV d’une dynamique ouverte de rassemblement et le repli sur la gestion boutiquière du sigle (avec quelques autres logos plus ou moins représentatifs), on ne peut s’arrêter à ce constat. D’une part, cela solde des désaccords au sein d’EELV manifestes tout au long de la mandature, avec une forte dimension personnelle. D’autre part, ce refus du rassemblement autour des écologistes (ce qui est pour moi plus large qu’EELV) était aussi le fait d’autres forces également écologistes, ou proches, comme Génération.s, LFI, Urgence écologique, qui se sont (en majorité) ralliées à Bessac.

Au final, en mettant de côté l’origine de cette situation, qu’est-ce qui distingue ces deux listes, qu’est-ce qui permet de choisir l’une plutôt que l’autre?

Les programmes

Ce sont moins le programme, les dizaines de propositions, ou les prioritaires mises en avant qui permettent de faire la différence. Pour mon compte, je peux avoir tel ou tel désaccord avec l’une comme avec l’autre liste. Sur ce qui fait le coeur d’une politique « verte », elles sont proches : voir les 10 mesures «  basculantes » proposées par le Réseau Action Climat ou le pacte de Bizi, dont j’ai fait état dans d’autres billets.
On peut trouver une version téléchargeable du programme complet de Movico sur sa page facebook, et par thématique sur son blog

C’est dans les équilibres entre les différents enjeux qu’on voit un peu plus que des nuances. La clé pour faire tenir ensemble l’urgence écologique et l’urgence sociale, c’est un renouvellement en profondeur des pratiques démocratiques, dans le projet comme dans la campagne. Placer les citoyens en responsabilités, ne pas mettre de frein à l’implication citoyenne. Movico semble plus conscient de cet enjeu que la liste EELV. 
Movico apparaît plus proche du manifeste pour la démocratie porté par Médiacités
Ce qui lui permet de tenir les deux bouts, celui de la ville du 1/4h, et de la ville du long terme (avec le conseil citoyen du long terme.

La dynamique

Celle de movico2020 a été très bien été décrite par Florence, 3ème sur la liste sur son facebook : « C’est une liste sans étiquette politique mais engagée de gauche et écologique
. Pour rappel, nous avons créé cette plateforme en juin 2019. Nous étions plusieurs : anciens élus de Dominique Voynet, élus de la mandature actuelle de Patrice Bessac, citoyens, associatifs à considérer que Montreuil mérite mieux.
Nous avons en effet été extrêmement déçus de cette mandature présentée comme une Union de la gauche, mais où en réalité nous assistions à de graves retours en arrière : retours de politiques clientélistes, mise en place de caisse noires à la solde d’actions douteuses, dérive des finances de la ville, expulsion de travailleurs migrants, de rroms, bitumage, abattage des arbres en lieu et place d’une politique écologique, non respect de notre patrimoine des murs à pêches et développement de projets immobiliers dans les murs à pêches.
Trop c’est trop.
Nous avons mis en place cette plateforme, réalisé des ateliers citoyens tout au long de l’automne 2019 pour écrire et partager avec le maximum de personnes notre projet.%% Notre projet est dense, engagé sur les thèmes de la solidarité, la démocratie, la ville du 1/4 d’heure: un axe politique qui mêle justice sociale et écologie et bien sûr il est aussi très écologique. »

Le sens, la confiance, le volontarisme

Ce qui pose davantage problème chez EELV (canal officiel), c’est le sens donné à leurs propositions politiques. Un de leur dernier document parle de 18 propositions pour gérer autrement. C’est parfaitement cohérent avec le bilan de la partie des élu.e.s qui se retrouvent avec Mireille Alphonse. Et encore plus avec le titre de la liste « l’écologie aux responsabilités », qu’on pourrait presque interprété comme une demande de postes d’adjoints auprès de Bessac au second tour ? A part l’autonomie du 1er tour, qu’est-ce qui distingue le projet d’EELV de celui d’Urgence écologie ? On est très loin de l’écologie de rupture, qui serait nécessaire. Mais c’est un débat d’orientation qui traverse l’ensemble d’EELV au niveau national.
Cette optique gestionnaire est aussi à rebours du pouvoir d’agir dont disposent les maires, un pouvoir d’agir toujours souligné par Damien Carême dans ses interventions, à partir de son bilan comme maire de Grande Synthe. On ne peut partir avec l’idée de jouer « petit bras ». Il est utile de se reporter à la brochure que vient de publier Ritimo pour mesurer l’ampleur de ce que des villes peuvent faire et sa présentation dans Reporterre (où figure un lien pour la télécharger).
Si nous avons pu assister au cours de la campagne électorale d’EELV à certaines évolutions et clarifications – comme sur le bilan de la mandature Bessac et sur la bétonnisation des MAP – mais pas sur la référence à la reprise de la dynamique de la mandature « Voynet », ni sur une fusion avec Bessac pour le 2e tour – il manquera toujours un soupçon de confiance à cette équipe compte tenu de son propre bilan 2008-2014.
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Que Movico2020 et EELV se rassemblent au 2e tour

Il reste que rien dans les propositions ne s’oppose à ce que les deux listes écologistes n’en fassent plus qu’une au 2e tour, si les scores du 1er le permettent. C’est une question de volonté politique de construire une alternative verte à une (trop traditionnelle) union de la gauche montreuilloise. C’est la condition pour conserver une (petite)chance pour que l’écologie l’emporte au 2e tour, ou, à défaut, soit en mesure de peser fortement sur la politique municipale (plus que par quelques strapontins) et de préparer l’avenir.

Patrick Petitjean 13 mars 2020